Prévention et dépistage

En Bourgogne-Franche-Comté, mobilisation interpro contre le cancer de la peau

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Publié le 19/11/2021
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Une association de dermatologues propose de former les généralistes, mais aussi les paramédicaux exerçant dans les maisons de santé pluriprofessionnelles, au dépistage du cancer de la peau. Une collaboration qui a déjà séduit 27 équipes coordonnées libérales.
Formation animée par un dermatologue, à Lure, en Haute-Saône

Formation animée par un dermatologue, à Lure, en Haute-Saône
Crédit photo : DR

« Depuis la mise en place du parcours de soins, beaucoup de généralistes sont persuadés qu'ils sont mauvais et incapables de faire du dépistage des cancers cutanés, explique le Dr Hervé Van Landuyt, dermatologue en exercice mixte à Besançon. C'est pour cela que nos cabinets sont engorgés de patients qui peuvent être dépistés et pris en charge par les généralistes ». Fort de ce constat, le spécialiste, membre actif de l'association de formation continue des dermatologues de Franche-Comté (Asfoder), avait eu l'idée il y a plus de dix ans de former méthodiquement les généralistes de la région.

Pour les mobiliser, le praticien a sollicité un partenariat avec la Fédération des maisons de santé et de l'exercice coordonné de Bourgogne-Franche-Comté (Femasco) pour cibler en premier lieu les médecins traitants installés dans ces structures collectives. Avec des modules (renouvelables) d'une durée de deux heures environ – en présentiel ou à distance – le dermatologue, attaché au CHU de Besançon, délivre des messages simples. Comment cibler les patients ? Comment dépister les lésions à risque ? Comment informer et délivrer les messages de prévention des risques solaires ? « Taches, boutons, croûtes, tout doit être vérifié, souligne le Dr Van Landuyt. Avec un bouton par exemple, cela peut être un carcinome basocellulaire. Il ne faut jamais dire que ce n'est rien ». Depuis peu, la formation gratuite est ouverte aux auxiliaires médicaux des MSP comme les infirmières Asalée (action de santé libérale en équipe), les kinés, les pharmaciens ou les podologues.

Des trentenaires à risques

Le Dr Jean Wolfarth, généraliste à la maison de santé Baume-les-Dames, a suivi cet enseignement au début de son installation, il y a dix ans, puis est devenu l'un des coanimateurs de la formation avec le Dr Van Landuyt. Avec une autre généraliste de sa structure, également formée à la dermatologie, ce membre actif de la Femasco consacre chaque année deux journées et demie par an de consultations exclusivement réservées au dépistage et à la sensibilisation des patients aux risques solaires. « Ils prennent rendez-vous, confie le Dr Wolfarth, enthousiaste. On reçoit une quarantaine de personnes par jour. Et 80 % sont de nouveaux patients ». La MSP de Baume-les-Dames organise également des journées de dépistage au sein de ses propres murs avec des animations et des stands pour les enfants.

Depuis l'ouverture de la formation aux paramédicaux, « il n'est pas rare que les podologues de la maison de santé m'adressent des patients ou m'appellent pour que je vienne examiner une lésion cutanée », souligne le Dr Wolfarth. Selon le médecin généraliste, les cas de carcinome basocellulaire sont de plus en plus dépistés chez les jeunes de trente ans. « On paie les expositions solaires faites dans l'enfance », déplore-t-il.

Collecte et analyse des données

Une fois le dépistage effectué, il arrive au généraliste de prendre en charge le patient pour retirer la lésion. « Je suis équipé pour faire des petites chirurgies et c'est stimulant », se félicite le médecin. Depuis peu, chaque maison de santé est chargée de collecter et d'adresser les données à la Femasco. « L'objectif est de les analyser pour savoir s'il y a une pertinence des dépistages réalisés », ajoute-t-il.

Selon Marie Vacher, chargée de projets santé publique à la Femasco, quelque 400 professionnels de santé – principalement des médecins – ont été formés au dépistage en dix ans (2009-2019) ; 3 400 personnes ont été dépistées et 8 300 enfants et adultes ont été sensibilisés au risque solaire sur cette période.

En 2021, 27 équipes coordonnées libérales participent aux dépistages et aux opérations de sensibilisation de la population, organisées par la Mutualité sociale agricole (MSA) et l'agence régionale de santé (ARS). Ces institutions cofinancent à hauteur de 100 000 euros par an les actions et les indemnisations forfaitaires versées aux dermatologues formateurs et aux généralistes qui participent aux sessions et aux journées de dépistage.

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin