Si, en 2010, plus de la moitié des nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre des médecins étaient des femmes (54 %), l’accession de celles-ci à cette profession longtemps considérée comme un apanage de la masculinité ne s’est pas faite sans heurts. « La femme doctoresse est une de ces herbes folles qui ont envahi la flore de la société moderne. Très innocemment, elle s’est imaginé qu’ouvrir des livres et disséquer des cadavres allait lui créer un cerveau nouveau. Je dis que par sa forme d’intelligence, une femme est incapable de soigner des malades. » Cette affirmation définitive, que l’on doit au Dr Pierre-Charles Fiessinger, qui fut à partir de 1901 rédacteur en chef du « Journal des praticiens », illustre assez bien le scepticisme au milieu duquel les femmes se sont forgé leur place dans cette profession.
Selon les chiffres de l’assurance-maladie, les femmes seront majoritaires dans les rangs médicaux aux alentours des années 2020. Mais il y a 40 ans, le tableau n’était pas le même. Au début des années 1970, les femmes représentaient environ 20 % du corps médical, (30 % dans les années 1990, et plus de 40 % aujourd’hui). Mais la proportion de femmes dans le corps médical va s’accélérer encore sous l’effet conjugué du départ à la retraite des générations qui s’étaient installées dans les années 1970, majoritairement composées d’hommes, et de l’arrivée sur le marché du travail de promotions majoritairement féminines.
Si le nombre de femmes médecins a plus que doublé depuis 1971, si leur part prise dans le système de soins n’est plus guère contestée, leurs revenus restent à la traîne et leur visibilité, tant dans les syndicats qu’à l’Ordre, laisse encore à désirer. Comme le fait remarquer Géraldine Bloy, maître de conférences à l’université de Bourgogne, « les femmes ont toujours été présentes dans la délivrance de soins [religieuses, infirmières]. La nouveauté radicale est qu’elles le sont aujourd’hui en position dominante, et non d’exécutante. »
Le paradoxe est donc aujourd’hui le suivant : les femmes sont de plus en plus nombreuses dans la population médicale, mais elles s’impliquent peu dans les organes représentatifs. De plus, elles gagnent moins, beaucoup moins : en moyenne, les hommes médecins ont des revenus supérieurs de 70 % à ceux de leurs consœurs. Une seule certitude : d’ici à 2020, ce sont les hommes qui seront minoritaires dans la profession.
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