En prévision du déconfinement, le gouvernement parie sur le déploiement des tests antigéniques

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Publié le 18/11/2020

Crédit photo : AFP

Alors que les modalités du déconfinement sont en cours de discussion, le gouvernement promeut d’ores et déjà sa stratégie de déploiement des tests antigéniques, un « complément précieux » aux tests RT-PCR, avec l'espoir de réussir, cette fois, le triptyque « tester, tracer, isoler », renommé « tester, alerter, protéger ».

Le Premier ministre a promis devant l'Assemblée nationale, ce 17 novembre, un accroissement de « la politique de tests, qui sera rendu possible par l'arrivée de la nouvelle génération de tests antigéniques ». « Cela supposera une lourde organisation logistique puisqu'il s'agit à la fois de tester, mais aussi d'alerter et de protéger les personnes positives et leurs cas contact », a pointé Jean Castex.

Malgré une sensibilité moindre qu'un test RT-PCR, le gouvernement fait valoir la rapidité de rendu de résultat d'un test antigénique (15 minutes en moyenne), ce qui en fait un atout pour casser les chaînes de transmission.

Alors que les généralistes semblent peu convaincus par cette technique, le gouvernement rappelle dans un dossier de presse ce 17 novembre ses indications, déjà précisées par la Haute Autorité de santé (dans un avis et dans ses recommandations pour la médecine de ville) : le test antigénique s'adresse en priorité aux personnes symptomatiques, dans les quatre jours après l'apparition des symptômes. Il n'est pas recommandé pour les personnes contacts, les asymptomatiques (sauf dépistage collectif ciblé pour trouver un cluster ou recommandation du professionnel de santé) et les personnes symptomatiques quatre jours après l'apparition des symptômes.

Près d'une cinquantaine de tests disponibles

Le test doit être complété par un test RT-PCR lorsque le résultat est négatif ET qu’il s’agit d’une personne de plus de 65 ans ou d’une personne présentant au moins un facteur de risque, afin d'éviter des faux négatifs.

Les tests antigéniques sont aussi préconisés dans le cadre de dépistages collectifs organisés par les agences régionales de santé (ARS) au sein de populations ciblées (lycées, usines, hébergements collectifs, EHPAD…), en cas de suspicion de circulation particulièrement active du virus (recherche d'un cluster).

Ils peuvent être réalisés dans les cabinets de médecins, d'infirmiers, et auprès des pharmaciens, et sont depuis le 11 novembre autorisés (et remboursés) dans les aéroports et les ports.

Chaque professionnel de santé doit saisir l’ensemble des résultats des tests qu’il effectue, positifs et négatifs, dans le système d'information de dépistage (SIDEP), rappelle le gouvernement. Le patient reçoit, de son côté, une fiche patient rappelant la conduite à tenir en cas de test négatif et positif.

À ce jour, près d'une cinquantaine de tests antigéniques bénéficiant du marquage CE sont disponibles (liste sur le site du gouvernement).

Toujours plus de tests, des opérations pilotes de dépistage

Depuis la rentrée, 270 000 tests antigéniques ont été réalisés sur le mode d'expérimentations, auprès des personnels d'EHPAD (208 000 tests), des patients admis en urgence à l'hôpital (41 900), des voyageurs aériens (12 800), ou encore des étudiants du supérieur.

Le gouvernement met en évidence une montée en charge de cette technique, puisque 200 000 tests antigéniques ont été réalisés depuis novembre (40 000 par jour depuis le 10). Près de 33 000 personnes ont été ainsi testées positives depuis le début du mois, a précisé le 17 novembre le Directeur général de la Santé Jérôme Salomon.

Des opérations pilotes de dépistage de populations cibles vont aussi être lancées, dans l'Éducation nationale, sur la base d’un dépistage individuel « au moindre doute » à destination des enseignants et personnels adultes (déjà prioritaires pour des tests RT-PCR), dans les lycées d'Île-de-France, ou encore dans d'autres lieux en cas de suspicion de cluster, identifiés avec les collectivités territoriales et les entreprises. Si l'orchestration gouvernementale se veut harmonieuse, des premières dissonances se sont déjà fait entendre, par exemple entre le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, qui a promis une immense campagne de tests aux millions d'habitants de son territoire avant Noël, et le ministre de la Santé Olivier Véran, qui a dénoncé « un effet d'annonce ».

Le gouvernement assure par ailleurs que 10 millions de tests ont déjà été commandés (5 millions par les centrales d’achat des établissements de santé, et 5 millions par Santé publique France, pour les distribuer gratuitement aux établissements et aux ARS pour des opérations de dépistage). Une précommande de 20 millions de tests a aussi été passée via le mécanisme de commande groupée européenne. Là encore, certaines régions souhaiteraient une facilité d'achat afin de n'avoir pas à passer par des appels d'offres.

Enfin, le Sénat vient de voter dans le cadre du projet de loi de financement de sécurité sociale pour 2021 une nouvelle rallonge de 800 millions d'euros pour 2020, demandée par le gouvernement, notamment pour couvrir les dépenses liées à l'augmentation des tests RT-PCR et au déploiement des tests antigéniques.


Source : lequotidiendumedecin.fr