Environ 2 000 décès prématurés par an sont évités en France grâce au vélo depuis 2019

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Publié le 14/04/2023
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Crédit photo : PHANIE

La promotion de modes de transport plus actifs, comme le vélo, a un impact important en termes de santé publique. Selon une étude prépubliée (non revue par les pairs) des chercheurs du conservatoire des Arts et Métiers à Paris, près de 2000 décès prématurés sont déjà évités chaque année par les Français grâce à leur pratique de la petite reine. Un nombre qui pourrait être multiplié par presque trois, si des politiques publiques étaient menées pour convertir 25 % des trajets courts de la voiture à la bicyclette.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs sont partis des données de l'enquête nationale « Mobilité des personnes » de 2019. Cette étude, réalisée tous les 10 ans, fournit un instantané des modes de transport des Français, à partir d'un échantillon de près de 14 000 personnes. Les auteurs ont ensuite fait une estimation de la quantité d'activité physique que représente la pratique actuelle du vélo par les Français.

À partir de là, ils ont pu estimer la quantité d'activité physique supplémentaire que représenterait un scénario dit réaliste : la transformation de 25 % des transports motorisés courts (moins de 10 km) en déplacement à vélo. En se basant sur une revue de la littérature, ils ont ensuite évalué l'effet de ce gain d'activité physique sur la prévalence de cinq maladies chroniques : cancer du sein, cancer du côlon, maladies cardiovasculaires, démence et diabète de type 2.

4,64 milliards de kilomètres

En 2019, la population française de 20 à 89 ans a parcouru 4,64 milliards de kilomètres à vélo, dont 6,23 % sur des vélos électriques. Cela représente une moyenne de 1 minute et 17 secondes de vélo par jour et par adulte, avec évidemment de fortes disparités selon le genre ou l'âge : seulement 3,12 % des répondeurs disent faire du vélo quotidiennement. Cette activité physique serait à l'origine de 1 919 décès prématurés évités et de 5 963 cas de maladies chroniques en moins. Dans 75 % des cas, ce sont des hommes, largement plus représentés parmi les cyclistes du quotidien. Un tel avantage en termes de santé publique a également un coût : 191 millions d'euros seraient directement économisés grâce à cette réduction de la morbimortalité.

Au cours de la même enquête, 41,2 % des personnes interrogées disent faire au moins un trajet en voiture de moins de 10 km par semaine. Les chercheurs ont estimé que convertir 25 % de ces déplacements en voiture en trajets à vélo serait associé à une augmentation de 5,550 milliards de km supplémentaires à vélo, soit une augmentation de 20 % de l'exposition à un effort physique.

Dans un tel scénario, le nombre de morts évités par le vélo serait multiplié par 2,6, pour atteindre 4 707 décès évités. Quant au nombre de maladies chronique évitées, il serait triplé. « Nous sommes un pays qui n'a pas une grande culture du cyclisme, et pourtant ses avantages se font déjà sentir et sont importants », soulignent les auteurs, qui pressent les pouvoirs publics de favoriser les modes de transport actifs.


Source : lequotidiendumedecin.fr