Crise humanitaire à Gaza

Finir une guerre

Publié le 13/01/2009
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Crédit photo : AFP

LA LOGIQUE de la position israélienne n’est pas contestable : le cessez-le-feu de cinq mois expiré en décembre n’a fait que renforcer le Hamas et, en dépit de violence des attaques israéliennes, les tirs de roquettes n’ont pas cessé. En même temps, les dirigeants israéliens disent qu’ils n’ont pas l’intention d’éradiquer le Hamas de Gaza ni d’en détruire la totalité des stocks de roquettes, sans doute parce que de tels résultats sont impossibles. Si la guerre n’est que la diplomatie poursuivie par d’autres moyens, il faut bien qu’Israël limite le temps qu’il accorde au conflit. Lundi, il n’avait que trop duré : la crise humanitaire occupe maintenant le premier plan et affaiblit le principe de légitime défense qui justifie l’offensive israélienne. Or, lundi, les forces israéliennes ont poursuivi leur pénétration dans Gaza. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il s’agit du dernier effort militaire avant un cessez-le-feu, à négocier avec le panel le plus large possible et comprenant l’Egypte.

Le précédent libanais.

Il y a en effet un précédent à cette guerre, c’est celle qui a opposé Israël au Liban en 2006 à la suite d’une provocation du Hezobllah. Bien que, comme avec le Hamas, l’État juif eût agi alors au nom de la légitime défense, les destructions et le nombre de pertes civiles causées au Liban avaient provoqué dans le monde une révulsion identique à celle d’aujourd’hui. On a dit partout qu’Israël a subi une défaite au Liban, mais ce n’est pas vrai : il a obtenu un accord qui a permis, grâce à la présence des Casques bleus (dont de nombreux Français), de calmer complètement la frontière nord d’Israël. L’invasion de Gaza n’a pas déclenché de riposte du Hezbollah à ce jour. La Cisjordanie, où l’aide internationle, honnêtement gérée par l’Autorité palestinienne, a fini par améliorer le niveau de vie des habitants, ne s’est pas insurgée. Au-delà des appels à la haine et des tentatives grotesques pour transformer en victime le Hamas, l’un des mouvements les plus fanatiques et les plus dangereux du monde, et pour faire condamner Israël au nom de la morale, la guerre de Gaza, si regrettable du point de vue humanitaire, n’en a pas moins apporté un élément positif : elle a crevé un abcès.

Dans ces conditions, Israël ne doit pas trop exploiter le filon d’une chance fragile : il est déjà en mesure de réclamer, par voie diplomatique, un accord de cessez-le-feu qui serait le prélude à la mise en place d’un système de sécurité des populations du sud d’Israël garanti par une force d’intermposition internationale et donc comparable ou identique au système établi à la frontière israélo-libanaise. Le gouvernement israélien semblait penser lundi qu’il n’était point parvenu à ce stade, mais la poursuite des combats ne peut qu’aggraver la crise à Gaza, qu’augmenter le nombre des victimes civiles et dégrader les positions politiques de l’État hébreu. Non seulement une victoire définitive contre le Hamas est très improbable, mais les Israéliens eux-mêmes n’y croient pas. S’il s’agit par ailleurs d’affaiblir le Hamas pour restituer la gouvernance de Gaza à l’Autorité palestinienne, les Israéliens savent que Mahmoud Abbas (président de l’Autorité) ne saurait tirer le moindre profit d’une déroute des islamistes infligée par Israël.

En revanche, dès que le conflit sera terminé et pour autant que les élections du 10 février prochain portent au pouvoir Kadima et les travaillistes, la voie sera toute tracée pour un accord de paix qui permettra la création d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza. Car la capacité de nuisance du Hamas affaibli sera moins grande. Bien entendu, on ne peut pas non plus s’abandonner à un optimisme prématuré, même si un cessez-le-feu était instauré dès cette semaine. Le nombre d’occasions manquées depuis quinze ans est si élevé qu’on aurait plutôt tendance à croire qu’on en manquera d’autres. Mais, de même qu’Israël doit inclure la dimension humanitaire dans sa réflexion politique, de même les insultes adressées aujourd’hui à Israël par des manifestants en colère, par le PCF, par certains députés européens seront contre-productives : elles contribuent au désordre en France et en Europe et elles affaiblissent les perspectives de paix. Israël n’a pas été plus rude avec les Palestiniens que la France l’eût été avec la Belgique si, pendant huit ans, celle-ci avait saturé notre territoire de roquettes. La négociation a été possible avec l’OLP quand elle a renoncé à éliminer Israël de la carte ; et, aujourd’hui encore, l’objectif affiché du Hamas, c’est la destruction de l’État juif. La recherche de la paix n’est pas la soumission au terrorisme. Si l’on inverse les valeurs, si l’on fait un monstre d’Israël et un ange du Hamas, on est certain de nuire à la paix.

LES CONDITIONS D’UN CESSEZ-LE-FEU SONT DÉJÀ RÉUNIES

La prolongation du conflit finirait par nuire à Israël

RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr