À la veille du plan « anti-déserts » du gouvernement

Formation, incitations, exercice, temps médical : la profession affiche ses priorités

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Publié le 12/10/2017
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Crédit photo : PHANIE

À la veille d'un énième plan gouvernemental en faveur de l'accès aux soins, quelles sont les recettes de la profession ?  

Première évidence : aux yeux des praticiens, jeunes ou seniors, mais aussi de l'Ordre des médecins, il n'y a pas une solution uniforme mais des dizaines en fonction des territoires, des besoins et de l'offre des soins. 

Les défis sont connus. La médecine générale libérale, point d’entrée des soins primaires, déclinera probablement jusqu’en 2025. Dans ce contexte, la découverte active de la médecine générale en cabinet dès la formation initiale est une priorité absolue, en particulier dans les zones sous denses. Aujourd'hui, le stage pendant le deuxième cycle se fait de façon très variable selon les facultés, et à proximité du CHU. « Pour mieux accompagner les externes lors des stages en zone rurale, il faudrait augmenter les indemnités ou encore faire prendre en charge le transport et le logement pendant ces stages par les collectivités territoriales par exemple », avancent les Drs Jean-Paul Ortiz et Jean-Paul Hamon, respectivement présidents de la CSMF et de la FMF. Qui dit stage dit gratification du maître de stage : une valorisation des médecins impliqués serait bienvenue pour continuer à recruter, même si quelque 8 500 maîtres de stage sont déjà engagés dans cette démarche active de compagnonnage. 

D'une manière générale, il convient de soutenir davantage les praticiens libéraux qui s'investissent personnellement et innovent à l'échelon territorial. « Pour faciliter le travail des porteurs de projets de coordination innovants, l’ARS devrait leur servir d’appui technique et simplifier leurs démarches », avance le Dr Jacques Battistoni, vice-président de MG France. 

Faut-il prévoir de nouvelles mesures incitatives en faveur de l'installation en zones fragiles ? La réponse est oui, à condition d'en faire la publicité et de simplifier les règles du jeu. « Les agences régionales de santé et l'assurance-maladie doivent mieux faire connaître les dispositifs qui existent sur chaque territoire. L'incitation pourra aussi venir d'une amélioration de la couverture sociale ou maternité », souligne le Dr Sophie Augros, présidente de ReAGJIR (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants). 

Salarier une secrétaire 

Autre requête : libérer du temps médical. « Les médecins consacrent 40 à 60 % de leur temps aux tâches administratives. Il faut leur permettre de se recentrer sur leur métier de soignant », plaide le Dr Philippe Vermesch, président du SML. A ses yeux, le forfait structure actuel (4 620 euros maximum par médecin en 2019) s’avère insuffisant. « Il faut augmenter ce forfait de l’ordre de 10 000 euros pour permettre de salarier une secrétaire, éventuellement partagée [la moitié des généralistes n'ont pas de secrétariat]. Cette solution leur permettrait de dégager 30 % de temps médical et de prendre en charge de nouveaux patients. Certains libéraux pourraient également collaborer avec un assistant médical », assurant l'accueil, le contrôle de la tension, la pesée…

Quant au recours à la télémédecine dans les zones démédicalisées, pratique qualifiée de « marginale » par la Cour des comptes, les leaders syndicaux y croient sous réserve d'obtenir une tarification valorisante et de droit commun permettant de sortir du cadre des expérimentations.  

Innover sur la façon d'exercer 

Autre levier d'action : le soutien à l'exercice regroupé, pluriprofessionnel et coordonné. Selon le Dr Sophie Augros (ReAGJIR), « ce n’est pas en augmentant le nombre de médecins que l’on va régler le problème, il faut innover sur la façon d’exercer avec les délégations de tâches, les transferts de compétence et le travail en équipe au sein des maisons de santé par exemple ». Une analyse partagée par les internes de médecine générale de l'ISNAR-IMG). « Nous avons engagé une réflexion avec les autres professionnels de santé – infirmiers, pharmaciens... – sur les pratiques avancées et les partages de compétences », annonce Maxence Pithon, nouveau président du syndicat, qui cite la vaccination antigrippale par les pharmaciens à l'officine. 

 

 

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin: 9609