Greffe pulmonaire : la réhabilitation ex vivo des greffons montre de bons résultats à 9 ans

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Publié le 09/10/2019

Crédit photo : PHANIE

Selon une équipe canadienne, les greffons pulmonaires à haut risque traités par perfusion pulmonaire ex vivo (PPEV) permettent d'obtenir des résultats à long terme identiques à ceux des greffons « classiques ». Leurs résultats sont publiés dans « JAMA Surgery ».

Pour pallier la pénurie d'organes, les critères de sélection des greffons ont été élargis pour répondre aux besoins grandissants. La technique de PPEV, développée par des Suédois, consiste à placer un poumon « non optimal » dans un dispositif médical où il sera perfusé avec un liquide nutritif afin d’optimiser sa fonction. Le poumon ainsi traité pourra alors être greffé.

La plus grande série mondiale

« L'équipe du Toronto General Hospital est leader dans ce domaine. Elle a commencé à utiliser cette technique dès 2008. Il s'agit donc ici de la plus grande série mondiale », indique au « Quotidien » le Dr Édouard Sage, chirurgien thoracique à l’hôpital Foch et responsable de la chaire universitaire de transplantation (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines/hôpital Foch).

La faisabilité de la technique et les résultats à court et moyen termes ont été mis en évidence par de précédentes études. Avec un recul de près de 10 ans, l'expérience canadienne permet de confirmer les bons résultats de cette technique sur le long terme.

Entre août 2008 et février 2017, 230 patients ont bénéficié de la PPEV. Ont été inclus également dans l'étude 706 receveurs dont le greffon n'a pas été traité par PPEV. Comparé aux donneurs de ce dernier groupe, les donneurs du groupe PPEV présentaient un rapport PaPO2/FiO2 (pression partielle artérielle en oxygène/fraction inspirée en oxygène) plus faible, plus d'anomalies à la radiographie pulmonaire et davantage d'antécédents de tabagisme.

« Les critères des greffons pour lesquels une PPEV est nécessaire ne sont pas encore bien définis. La notion de bon et mauvais greffon est complexe et dépend aussi du profil du receveur. Les pratiques varient selon les pays », précise le Dr Édouard Sage.

Aucune différence en termes de survie

La survie des receveurs et le rejet chronique du greffon ont été évalués à 3, 5 et 9 ans : aucune différence significative n'a été observée entre les deux groupes à ces différents temps. En effet, à 9 ans par exemple, la survie était de 50 % dans le groupe PPEV et de 44 % dans l'autre groupe.

Ainsi, le programme de greffe avec PPEV a permis d'augmenter le pool des donneurs, sans surrisque pour le receveur. « À l'hôpital Foch aussi, nous avons pu augmenter le nombre de greffons, avec 110 patients supplémentaires greffés depuis 2011 », souligne le Dr Sage.

En France, la procédure de PPEV est remboursée depuis cette année pour les greffons qui auraient été refusés par l'ensemble des équipes sans le recours à la PPEV et les greffons Maastricht III (organes prélevés chez des patients décédés après arrêt circulatoire à la suite d'une décision de limitation ou d'arrêt des thérapeutiques).


Source : lequotidiendumedecin.fr