Incendie de Notre-Dame : pas d’augmentation des plombémies chez les enfants vivant à proximité

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Publié le 20/07/2021
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Crédit photo : Phanie

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en avril 2019 n’est pas associé à une augmentation de la plombémie chez les enfants vivant à proximité du site, malgré la large pollution environnementale au plomb entraînée par la combustion de la toiture et de la flèche de l’édifice. Selon un bilan de la surveillance renforcée des plombémies infantiles, publié ce 20 juillet par Santé publique France (SPF), seuls 13 cas de saturnisme ont été détectés, sans qu’un lien avec l’incendie n’ait pu être affirmé ou infirmé, d’autres expositions ayant été établies.

Dans les semaines suivant l’incendie, sur recommandation de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, SPF Île-de-France a en effet mis en place, avec le Centre antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) de Paris, une surveillance renforcée des plombémies infantiles. Entre juin et octobre 2019, 1 222 enfants de 0 à 17 ans ont ainsi été dépistés dans les 1er, 4e, 5e, 6e et 7e arrondissements de Paris, soit 50 fois plus que les dépistages menés annuellement sur la période de 2015 à 2018 dans ces arrondissements de la capitale.

Parmi les 1 222 enfants dépistés autour de Notre-Dame, la moyenne géométrique des plombémies était de 13,3 μg/L chez les enfants âgés de 0 à 6 ans et de 11,2 μg/L chez ceux de 7 à 17 ans, sans variation significative selon les arrondissements. « Les niveaux d’imprégnation des enfants dépistés autour de Notre-Dame étaient proches de ceux estimés en population générale chez les enfants de moins de 7 ans dans l’étude Saturn-Inf en 2009 et chez les enfants âgés de 6 à 10 ans dans l’étude Esteban en 2014-2016 », relève SPF.

13 cas de saturnisme sans preuve d'un lien avec l'incendie

Seuls 13 cas (1,5 %) présentaient une plombémie supérieure à 50 μg/L, « un niveau définissant le saturnisme et nécessitant une déclaration obligatoire, une enquête environnementale et des mesures de protection », est-il rappelé. Ces enfants, âgés de 9 mois à 7 ans, fréquentaient des établissements scolaires différents ou étaient gardés au domicile ou en crèche. Les enquêtes environnementales « n’ont pas permis d’exclure une exposition liée avec l’incendie, mais ont révélé, pour la totalité des enfants, une exposition à au moins une source indépendante de l’incendie », précise SPF.

Les sources d’exposition identifiées lors des enquêtes, menées dans les 12 foyers concernés, étaient multiples : d’une à cinq sources possibles selon les enfants. Ces sources correspondaient à « celles retrouvées habituellement dans l’habitat ancien parisien avec une fréquence élevée de revêtements en plomb laminé sur les balcons ou terrasses des logements (10/13 cas) », est-il souligné. Ainsi, pour 12 cas, différentes sources ont été détectées dans le logement, pour deux enfants, il s’agissait également de l’école, tandis que la voirie a été identifiée comme source d’exposition pour un cas.

Si « aucune source en lien direct avec l’incendie n’a pu être mise en évidence », selon SPF, ces résultats interpellent. « L’identification de 13 cas de saturnisme pour lesquels d’autres expositions au plomb non liées à l’incendie ont été retrouvées, incite à renforcer la mobilisation des professionnels de santé au dépistage "habituel" du saturnisme dans l’ensemble des quartiers de Paris », estime Anne Etchevers, épidémiologiste à SPF Île-de-France et auteure de l’étude, encourageant à une sensibilisation renforcée des familles et des propriétaires bailleurs sur les risques associés aux revêtements en plomb et aux moyens de s’en prémunir. « La persistance de sources et la connaissance d’effets démontrés du plomb à faible dose encouragent aussi à poursuivre les efforts de réduction des expositions », ajoute-t-elle.


Source : lequotidiendumedecin.fr