Inquiets, les syndicats de médecins libéraux veulent que la convention soit préservée

Publié le 09/11/2011
Article réservé aux abonnés

La baisse de l’ONDAM de 2,8 à 2,5 % est un mauvais signal pour la médecine de ville. Gel des honoraires, décotes tarifaires, retraite ASV...: la profession redoute de faire les frais du tour de vis budgétaire au moment où s’ouvre une nouvelle période conventionnelle.

Le Dr Michel Chassang, président de la CSMF : « Ce plan de rigueur s’annonce très douloureux et tombe au pire moment pour les médecins. Les mesures demandées par François Fillon sont certes nécessaires mais applicables sous certaines conditions. Les efforts que le gouvernement réclame doivent être d’une équité parfaite entre les différents secteurs, en médecine ambulatoire, hospitalière et médico-sociale inclus. Il est hors de question que la médecine de ville fasse encore une fois à 100 % les frais d’un plan de rigueur. L’effort doit aussi être établi en fonction des revenus et non des spécialités. À revenu équivalent, mesure équivalente. Enfin, la CSMF appelle le gouvernement à ne pas toucher à la convention, déjà fragilisée par le dossier du secteur optionnel. Pour les médecins, le pire scénario serait que la revalorisation tarifaire prévue soit repoussée aux calendes grecques ».

Le Dr Claude Leicher, président de MG France : « Je ne suis pas surpris de l’annonce de François Fillon, mais je reste très inquiet, en particulier sur une possible remise en cause de l’ASV et de la mise en place des décrets d’application. Aujourd’hui, le plus important pour les médecins libéraux est de consolider leur régime de retraite. Mettre l’ASV en faillite, ce serait le péril du secteur 1.

En matière de maîtrise des dépenses de santé, MG France aurait apprécié être appelé par le ministre de la Santé pour pouvoir rappeler la nécessité de recentrer la prévention, le soin, le dépistage et l’éducation thérapeutique sur le médecin traitant. Je pense aussi que des économies peuvent être dégagées dans la mise en œuvre d’une politique du médicament efficace, tournée vers des maladies du type Alzheimer. Enfin, il faut se concentrer une bonne fois pour toutes sur la médecine de premier recours. Les députés ne votent pas des lois pour rien. Les appliquer permettrait de faire des économies considérables. »

Le Christian Jeambrun, président du SML : Avec ces 500 millions d’euros d’économies supplémentaires que veut trouver le gouvernement, il va devenir impossible d’intéresser les étudiants à la médecine de ville. Nous avons signé la convention, je demande qu’elle soit au moins respectée. Je ne sais pas où le gouvernement va aller chercher ces 500 millions, mais on ne va pas retirer aux médecins libéraux en novembre ce que les pouvoirs publics se sont engagés à leur donner en juillet. Sinon, tout est plié en matière de médecine libérale et je gage que dans les toutes prochaines années, le solde négatif entre les installations et les départs à la retraite va s’accentuer.

Le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF : « Après nous avoir imposé l’ONDAM à 2,8 %, ce n’est pas étonnant que le gouvernement se permette de le ramener à 2,5 %. Il faut maintenant espérer que ce ne sera pas encore et toujours sur les médecins libéraux qu’on va taper. Il est tout à fait possible de réduire nos frais de santé en allant chercher l’argent où il se trouve : dans la régulation de l’accès à l’hôpital, qui doit arrêter d’empiéter sur le territoire des médecins libéraux et se concentrer sur son travail d’hospitalisation. Il faut aussi revoir les dépenses occasionnées par l’industrie pharmaceutique et mettre en place une vraie politique de déremboursement pour des pathologies comme la maladie d’Alzheimer ou le cancer du col. Et arrêter de viser systématiquement la médecine de ville, dont l’exercice coûte trois fois moins cher que l’hôpital tout en étant bien plus efficace ».

Voir tous les articles de « En savoir plus... »

Propos recueillis par A. B-I et H.S.R.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9038