La baisse de la pollution de l'air liée au confinement a permis d'éviter des milliers de décès selon Santé publique France

Par
Publié le 14/04/2021
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : Phanie

Parmi leurs rares effets bénéfiques, les restrictions du premier confinement ont entraîné une baisse de la pollution environnementale, ayant permis d'éviter des milliers de décès, selon les estimations de Santé publique France (SPF)* issues d'une évaluation quantitative d’impact sur la santé (EQIS).

L'agence sanitaire a évalué les conséquences à court et à long terme d'une baisse de l’exposition à la pollution atmosphérique sur la mortalité en France métropolitaine au printemps 2020, alors que la population était soumise à une situation inédite de confinement strict. Près de 2 300 décès ont pu ainsi être évités du fait d'une diminution de l’exposition aux particules ambiantes et 1 200 du fait de la baisse de l’exposition au dioxyde d’azote (NO2). À noter que ces décès ne peuvent être additionnés, car il peut y avoir des superpositions.

Une baisse plus importante des concentrations de NO2

Les baisses des concentrations en NO2, essentiellement issu du trafic routier, étaient davantage marquées pendant le confinement que celles en particules ambiantes, dont les sources sont multiples. Et certaines activités à l'origine de leur émission n'ont pas (ou peu) été perturbées par le confinement (c'est le cas notamment pour le chauffage ou les épandages agricoles).

« Ces bénéfices sont majoritairement dus à des effets évités à plus long terme (diminution de la contribution de la pollution au développement de pathologies conduisant au décès), et dans une moindre mesure à des effets évités à court terme (décompensation de pathologies préexistantes) », explique SPF, précisant que les bénéfices à court terme sont principalement liés à la baisse de NO2 et ceux à long terme aux particules.

« Des études toxicologiques et expérimentales ont montré que la pollution agit sur l'organisme par le biais d'une action pro-inflammatoire au niveau cellulaire et du stress oxydatif qui favorise également l'inflammation au niveau cellulaire », explique Sylvia Medina de la Direction santé environnement travail de SPF. Cette inflammation affaiblit l'immunité, ce qui entraîne des effets aux niveaux cardiovasculaire et respiratoire notamment.

Améliorer l'utilisation du chauffage au bois

L'agence sanitaire et ses partenaires appellent à tirer les leçons de cette période. « Certains enseignements issus de l’analyse du confinement du printemps 2020 sont ou peuvent déjà être capitalisés », note ainsi SPF. Baisse du trafic dans les zones urbaines, diminution des émissions industrielles, généralisation du télétravail, modification des modes de déplacement… sont des leviers à déployer ou pérenniser.

SPF cite également l'amélioration des pratiques d'utilisation du chauffage au bois, alors que le ministère de la Transition écologique a présenté ce 14 avril un plan d'action, soumis à consultation publique, visant à réduire de 50 % les émissions de polluants du chauffage au bois domestique, premier émetteur de particules fines en France. D'autres pistes sont également à renforcer comme le développement de bonnes pratiques agricoles pour réduire les émissions d’ammoniac ou la rénovation thermique des logements.

40 000 décès par an attribuables aux PM2,5

SPF a également publié de nouvelles estimations portant sur le fardeau de la pollution de l'air ambiant sur la santé des Français entre 2016 et 2019, actualisant celles de la période 2007-2008 publiées en 2016. Ces nouvelles données montrent que près de 40 000 décès sont attribuables chaque année à l'exposition des personnes de 30 ans et plus aux particules fines PM2,5. « Ainsi, l’exposition à la pollution de l’air ambiant représente en moyenne pour les personnes âgées de 30 ans et plus une perte d’espérance de vie de près de 8 mois pour les PM2,5 », ajoute SPF. L’évaluation 2016-2019 montre néanmoins une évolution favorable, la mortalité totale de la population française attribuable aux PM2,5 étant passée de 9 % (2007-2008) à 7 %.

Ce sont par ailleurs 7 000 décès qui seraient attribuables chaque année au NO2 dans cette même population.

« Ces travaux soulignent une nouvelle fois l’importance de poursuivre les efforts de réduction de la pollution atmosphérique, en agissant sur l’ensemble des sources de pollution », estime SPF. Une seconde phase de l'EQIS pollution de l'air et Covid-19 va être lancée afin d'étudier les modifications de comportement après les différents confinements.

* En collaboration avec l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), les associations agréées de surveillance de qualité de l’air (AASQA) et l’Observatoire régional de santé d’Île-de-France.


Source : lequotidiendumedecin.fr