Entre l'art et la manière

La bientraitance, une préoccuation collective

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Publié le 28/06/2018
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 detourer pour ITW bientraitance

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amina choix 2

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amina choix 1

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bientraitance

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Le recours, ou non, à l'épisiotomie et la tenue, ou non, d'un entretien prénatal dépendent encore trop souvent du lieu de l'accouchement et du médecin qui le prend en charge. La Dr Amina Yamgnane, responsable de la maternité de l'hôpital américain (Neuilly), est vent debout contre la systématisation des épisiotomies. « Comment expliquer à une femme que le risque d'en subir une varie de 2 % à 40 % selon la maternité où elle va accoucher ?, tonne-t-elle. Il est temps de tordre le cou aux vieilles habitudes, pour gommer ces disparités territoriales de prise en charge, devenues totalement inexplicables. Mais comment convaincre les confrères expérimentés de suivre de nouvelles recommandations bousculant la base même de leurs enseignements ? » Elle le sait, la généralisation des nouvelles pratiques ne se décrète pas : il a ainsi fallu près de dix ans à un service de maternité de Besançon pour enregistrer le score de 2 % d'épisiotomies, affirme-t-elle.

Les anesthésistes, quant à eux, ont fait des progrès considérables sur l'analgésie. La césarienne sous anesthésie générale est devenue une curiosité ! La Dr Yamgnane insiste sur ce progrès significatif, au-delà du confort, qui a autorisé les femmes à boire des liquides clairs pendant le travail, lorsque rien ne vient le contre-indiquer (lire p. suivante). « Des progrès qui concernent aussi les sutures, désormais sans agrafes à la peau, les pansements à l'air pour des cicatrisations et des rétablissements plus rapides : des avancées énormes, en prise directe avec la sécurité émotionnelle des patientes. En effet, les mamans sont, dans ces conditions, mieux à même d'investir leur lien à l'enfant. Les femmes, désormais plus averties, se posent aussi davantage de questions », ajoute-t-elle.

L'entretien prénatal, indispensable outil de communication

L'entretien prénatal précoce est proposé à 40 % des femmes, selon la dernière enquête périnatale. Une pratique mise en œuvre par les uns, pas toujours suivies par les autres. « Ces résistances ont décidément la peau dure, et témoignent de la trop lente évolution des mentalités », regrette la spécialiste. Elle invite à cultiver l'écoute. L'entretien prénatal précoce est, selon elle, un magnifique outil de communication entre les familles et les équipes de soins. En priver les femmes, c'est les priver d'explications et de conseils autour de la naissance — un défaut d'information qui est systématiquement reproché aux gynécologues lorsque les choses tournent mal.

La Dr Yamgnane réfléchit aux évolutions quant à l'écoute et la formation, notamment pour prévenir les violences obstétricales, dans le cadre de la commission sur le futur label de qualité des maternités du Collège national des gynécologues et obstétriciens français : « L'écoute n'est pas une remise en question de nos savoir-faire, mais doit nous permettre de réfléchir à la manière dont nous devons exercer notre métier pour que nos actes prennent du sens pour les patientes. »

exergue : Les femmes, plus averties, se posent maintenant davantage de questions

Entretien avec la Dr Amina Yamgnane, responsable de la maternité de l’hôpital américain (Neuilly)

Laurence Mauduit

Source : Bilan Spécialiste