C’est une véritable révolution. À moins d’un contretemps ou d’une énorme pression politique, la pilule contraceptive sera gratuite en Italie d’ici à l’été prochain pour toutes les Italiennes en âge de procréer.
Alors que le gouvernement italien d’extrême droite veut relancer la natalité pour combattre la « substitution ethnique » selon les déclarations d’un membre du gouvernement de Giorgia Meloni, cette décision importante a été prise par le comité des prix et des remboursements (CPR) de l’Agence italienne du médicament (Aifa).
Cette mesure sera appliquée à l’échelle nationale et remplacera les décisions adoptées précédemment par certaines régions italiennes comme le Piémont, la Toscane, l’Émilie-Romagne, le Latium et les Pouilles dans le sud du pays ou encore la province autonome de Trente dans le Nord. À l’instar de la France et de la Belgique par exemple, ces régions ont introduit la gratuité mais seulement pour les moins de 25 ans. Autre nouveauté importante : l’ordonnance pourra être rédigée par un spécialiste mais aussi un généraliste.
La gratuité de la contraception orale, dont le coût annuel est estimé à quelque 140 millions d’euros, concerne les 2,5 millions de femmes qui prennent actuellement la pilule mais surtout les autres, « celles qui renoncent au petit cachet pour des raisons économiques », a souligné la Dr Giovanna Scroccaro, spécialisée en pharmacologie clinique et présidente du CPR.
Dans la foulée, le comité a également introduit la gratuité pour la prophylaxie pré-exposition au VIH. La balle est maintenant dans le camp du Conseil d’administration de l’Aifa qui doit entériner cette mesure avant d'être publiée au Journal officiel.
Une forte opposition politique
Or c’est justement là que le bât blesse : le président du Conseil d’administration, le Pr Giorgio Palù, est très proche du gouvernement et plus particulièrement de l’extrême droite qui a déjà demandé à l’Aima de faire marche arrière. L’objectif déclaré du gouvernement de Giorgia Meloni, fondatrice du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, est de relancer la natalité en dégageant des ressources pour inciter les Italiens à faire des enfants afin d’éviter « la substitution ethnique » comme l’a récemment souligné Francesco Lollobrigida, ministre de l’Agriculture, beau-frère et conseiller de la cheffe du gouvernement.
Pour bloquer cette mesure, le Conseil d’administration pourrait, par exemple, demander des informations supplémentaires sur le modèle économique de cette mesure et l’augmentation éventuelle des coûts à charge de l’État compte tenu de l’inflation. Le Comité pourrait alors, entamer des négociations avec les producteurs de contraceptifs oraux pour obtenir une diminution de la partie à charge de la sécurité sociale italienne.
Les médecins défendent la mesure
Tandis que les associations pro-vie ou proches des mouvances catholiques demandent au gouvernement de faire pression sur l’Aifa pour qu’elle revoie sa copie, le milieu médical applaudi. Pour le Dr Filippo Anelli, président de la Fédération nationale des Ordres des médecins chirurgiens et des dentistes (Fnomceo), cette mesure « favorise les classes les plus faibles de la population qui n’ont pas accès à la contraception pour des raisons économiques ».
Pour la Fédération Sigo, la société italienne des gynécologues et des obstétriciens, l’Aifa doit aller encore plus loin et élargir la gratuité à tous les outils de contraception. La Sigo réclame aussi l’ouverture de nouveaux centres de planning familial et leur gratuité pour aider les Italiennes à contacter un gynécologue et évaluer les contraceptifs les plus compatibles avec leurs besoins et leur état de santé général.
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