La mammographie par tomosynthèse est parfois utilisée dans le cadre d'une démarche individuelle de dépistage du cancer du sein. Cette technique, qui permet de produire des clichés numériques en trois dimensions, a un meilleur taux de détection des cancers. Pour autant, la pertinence de son intégration en routine dans un programme de dépistage organisé du cancer du sein n'est pas encore approuvée en France.
Des chercheurs de l'école Davis de médecine de l'université de Californie se sont spécifiquement penchés sur le risque de faux positifs chez les femmes dépistées pendant 10 ans par mammographie standard ou par tomosynthèse dans une étude observationnelle. Outre le risque de faux positifs, ont été évalués spécifiquement la probabilité de nouvel examen et le risque de biopsie inutile.
Dans ce travail publié dans le « JAMA Network Open », le risque de faux positif était plus faible avec la tomosynthèse, par rapport à la mammographie 2D, que le dépistage soit annuel ou bisannuel. En revanche, le bénéfice à la tomosynthèse par rapport à la mammographie standard s'efface pour ce qui est de la probabilité de réexamen à court terme et de biopsie inutile, quand le dépistage passe d’un an à deux.
Moins de faux positifs avec un dépistage tous les 2 ans
L'équipe a travaillé à partir des données de 903 495 femmes âgées entre 40 et 79 ans (âge moyen : 57,6 ans), pour un total de 2 969 055 examens. Plus de la moitié des examens (58 %) ont été réalisés chez des femmes de moins de 60 ans. Le dépistage par tomosynthèse était minoritaire : 15 % des femmes étaient inscrites dans une démarche s'appuyant sur ce type d'examen.
Sur une période de 10 ans, le risque de recevoir au moins un résultat faussement positif était 6,7 % plus faible avec la tomosynthèse qu'avec la mammographie classique en cas de dépistage annuel, et l'était de 2,4 % quand le dépistage était effectué tous les 2 ans.
Pour le dépistage annuel, 49,6 % des femmes du groupe tomosynthèse ont été rappelées pour faux positif au moins une fois en 10 ans contre 56,3 % de celles du groupe mammographie. Par ailleurs, 16,6 % des femmes dépistées par tomosynthèse ont été invitées à réaliser un nouvel examen à court terme, contre 17,8 % de femmes suivies par mammographie. Enfin, une biopsie inutile a été prescrite chez 11,2 % des femmes suivies par tomosynthèse et chez 11,7 % des femmes suivies par mammographie.
En cas de dépistage annuel, les différences entre tomosynthèse et mammographie étaient ainsi significatives pour l'ensemble des critères étudiés. En revanche, dans le cas d'un dépistage tous les 2 ans, le taux de rappel pour faux positif était significativement différent (35,7 contre 38,1 %) en faveur de la tomosynthèse, mais les taux de suivi à court terme (10,3 % contre 10,5 %) et de biopsie inutile (6,6 % contre 6,7 %) étaient similaires, quel que soit le type d'examen.
Quel que soit le type d'examen utilisé, les chercheurs constatent que le risque de faux positifs était, logiquement, plus important dans le cadre d'un dépistage annuel que bisannuel. Et les femmes âgées présentaient un risque plus faible de faux positifs, tandis qu'il était augmenté chez les femmes ayant des seins denses.
Une réflexion menée en France
Ces résultats pourraient bien être particulièrement scrutés en France, où est attendue la deuxième partie de l'évaluation par la Haute Autorité de santé de l'intégration de la tomosynthèse dans le dépistage organisé du cancer du sein. Dans le premier volet rendu en novembre 2019, l'institution avait conclu que cette technologie, en dépit de son meilleur taux de détection soulève « plusieurs interrogations ».
En premier lieu, il n'est pas certain que la performance intrinsèque et clinique de la tomographie par tomosynthèse se traduise par une efficience supérieure du dépistage organisé. Ensuite, la place accordée à la tomosynthèse dans la procédure de dépistage et son protocole sont encore à définir. Enfin, il n'est pas garanti que les performances soient homogènes d'une machine à l'autre. Cette nouvelle étude américaine pourrait contribuer à répondre à certaines questions posées.
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