La vaccination contre le papillomavirus recommandée chez les homosexuels masculins

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Publié le 03/05/2016
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Crédit photo : PHANIE

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) préconise, dans un avis publié mardi, d'étendre la protection vaccinale contre le papillomavirus humain (HPV) aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, ces derniers étant « exposés à un risque plus élevé de cancer anal » et ne bénéficiant pas « de la protection indirecte de la vaccination des jeunes filles ». Le HCSP recommande qu'un accès au vaccin soit proposé dans les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) et les centres de vaccination aux hommes jusqu'à l'âge de 26 ans qui ont ou ont eu des relations sexuelles avec des hommes.

L'augmentation de la couverture vaccinale des jeunes filles reste cependant la priorité du HCSP. Au 31 décembre 2014, la couverture vaccinale pour au moins une dose était de 17,6 % chez les jeunes filles de 15 ans, loin des 60 % préconisés par le Plan cancer à l'horizon 2019.

Dans la lignée des décisions de 2014

Le HCSP s'est autosaisi suite à la modification de l'autorisation de mise sur le marché décidée en juin 2014 qui étend l'indication du Gardasil à la prévention des lésions anales précancéreuses et cancéreuses. Par ailleurs, de nouvelles connaissances ont été mises au jour, relatives à l'implication des virus HPV dans la genèse de cancers autres que ceux du col de l'utérus, et touchant également des hommes.

On estime ainsi que la proportion de cancers attribuable aux HPV s'élève à 0,7 % chez les hommes contre 4,5 % chez les femmes, et que 25 à 50 % des cancers du pénis seraient attribuables à l'infection par le HPV. « Bien que l'histoire naturelle du cancer anal soit mal connue, il est admis que l'infection par le HPV est nécessaire au développement des néoplasies anales intraépithéliales », précise le HCSP.

Le cancer anal 20 fois plus fréquent chez les HSH

La population homosexuelle masculine est privilégiée par le HCSP, car la prévalence de l'infection anale par le HPV est plus forte dans cette communauté (64 %) que chez les hommes hétérosexuels (24,8 %, dont un tiers d'infection par des virus oncogènes selon une étude américaine). De plus, la prévalence des infections orales est faible en comparaison à celle de la région anale, tandis que le risque de cancer du canal anal est 20 fois plus forte chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) que chez les hétérosexuels. Le cancer anal restant un cancer rare en France mais en progression.

« Une recommandation de vaccination pour les hommes ne pouvait reposer, outre une volonté de faire baisser la circulation des virus HPV oncogènes ciblés par les vaccins, que sur un objectif de prévention des verrues génitales », estiment les experts du HCSP, pour qui une efficacité du Gardasil « a été démontrée contre les verrues génitales et, dans les populations HSH, contre les lésions précancéreuses anales ». Les études médico-économiques consultées par le HCSP montrant en outre qu'une stratégie de vaccination des hommes hétérosexuels n'était pas coût efficace, contrairement à une stratégie ciblant les HSH.

La vaccination contre le HPV est recommandée en routine chez les garçons de âgés de 11 à 12 ans aux États Unis, chez les garçons âgés de 12 à 13 ans en Australie et chez les garçons âgés de 9 à 26 ans au Canada. La vaccination des garçons est également recommandée en Autriche.


Source : lequotidiendumedecin.fr