L'expérimentation nationale des « centres de santé sexuelle d'approche communautaire » est officiellement autorisée en France depuis ce dimanche 29 novembre et la publication d'un arrêté au « Journal officiel ». Si les centres de santé communautaire permettent déjà de réaliser un dépistage gratuit du VIH, des hépatites et autres infections sexuellement transmissibles (IST), la principale nouveauté introduite par cette expérimentation est la présence dans leurs murs de matériel de biologie délocalisé. Les personnels de ces centres pourront manipuler les machines, soutenus par des partenariats avec des laboratoires chargés d'assurer le contrôle qualité ainsi que les examens non prévus dans l'expérimentation comme le dépistage de la syphilis.
Pour l'heure, quatre centres situés à Paris, Montpellier, Lyon et Marseille participent à l'évaluation qui va durer deux ans. À Montpellier, c'est un nouveau centre de santé communautaire, le Spot, qui va voir le jour pour y prendre part. « Les centres de santé communautaires qui participent à l'expérimentation ont les mêmes missions qu'avant, mais avec de nouvelles modalités », résume Vincent Péchenot, coordinateur du Spot.
Test and treat
Pour les acteurs communautaires, le modèle à suivre est clairement le « test and treat » anglo-saxon. Avec la possibilité de réaliser des actes de biologie et de prescrire sur place, « on va pouvoir inclure des personnes dans un parcours de soins presque instantané, se réjouit Vincent Péchenot. Avec des PCR en temps réel, la mesure des charges virales VIH 1-VIH 2, la vaccination contre le virus de l'hépatite B et la primoprescription de la PrEP, nous avons une offre de santé très complète ». Comparés aux services d'infectiologie classiques, ces centres de santé bénéficient d'un accompagnement communautaire exercé par les pairs au fait des difficultés des publics à risque.
Les centres offrent ainsi leur aide pour l'ouverture des droits pour les personnes migrantes, ainsi que des consultations en addictologie. « On va cibler les cumuls de vulnérabilité, précise Vincent Péchenot. On va croiser des jeunes hommes migrants primo-arrivants qui se prostituent et font du chemsex. »
Un modèle de financement sur le banc d'essai
C'est aussi un nouveau mode de financement qui va être testé lors de cette expérimentation nationale. Les actes de biologie seront payés via un forfait défini par l'article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale 2020. « Le nombre de dépistages varie d'un centre à l'autre, c'est donc un long travail d'estimation de notre activité de dépistage que nous avons mené avec la direction générale de la santé (DGS) », explique Vincent Péchenot, qui estime que les usagers passeront en moyenne six fois par an dans son centre. Avec cinq demi-journées d'ouverture par semaine, 3 000 passages par an sont attendus rien que pour le Spot de Montpellier. Trois autres dotations financières distinctes sont prévues pour financer la mission de vaccination, la consultation en santé sexuelle et le fonctionnement global.
Au terme des deux ans d'expérimentation, l'évaluation du dispositif se basera pour partie sur des questionnaires portant sur l'amélioration des pratiques et des comportements des personnes qui consultent dans les centres de santé, et pour partie sur la pertinence de la logique de financement. « Avec les expériences étrangères, l'efficacité des Centres de santé sexuelle d'approche communautaire pour lutter contre les IST n'est plus à prouver, considère Vincent Péchenot. Il nous reste à montrer la pertinence du système que l'on met autour. »
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