L'antibiorésistance et la consommation d'antibiotiques marquent le pas en France

Publié le 19/11/2019

Crédit photo : S. Toubon

L'amélioration est timide mais elle est réelle : après une hausse continue entre 2012 et 2015, la résistance des Escherichia coli aux céphalosporines de 3e génération est en baisse en France selon les données publiées aujourd'hui par Santé publique France. En 2018, seulement 3,2 % des bactéries isolées en laboratoires étaient résistantes, contre 3,4 % en 2016. Escherichia coli est la bactérie la plus fréquemment isolée en laboratoire de ville (9 bactéries sur 10), c'est un marqueur très important de l'évolution de l'antibiorésistance. Dans les EHPAD, la résistance aux céphalosporines de 3e génération est plus élevée, mais a suivi une évolution similaire, passant de 9,7 % en 2015 à 8,6 % en 2018.

En ville, la résistance aux fluoroquinolones chez les E. coli concernait 11 % des souches en 2018, un taux stable depuis 2012. En EHPAD, après un taux catastrophique de 26 % observé en 2015, la résistance aux fluoroquinolones a atteint 18,7 % en 2018.

Santé publique France a estimé le poids des infections à bactéries multirésistantes en santé humaine en France à environ 158 000 infections et 12 500 décès.

La consommation d'antibiotiques baisse timidement

Cette évolution de l'antibiorésistance s'apprécie en regard de la stabilisation de la consommation globale d'antibiotiques. En secteurs de ville, cette dernière est estimée à 22,5 doses pour 1 000 habitants et par jour, avec des consommations plus élevées chez les moins de 5 ans (la tranche d'âge des plus gros consommateurs) et les patients les plus âgés. Ce taux de consommation représente une stabilisation après une hausse observée entre 2014 et 2016. En 2009, les Français consommaient 22,7 doses par jour pour 1 000 habitants. Les antibiotiques les plus consommés sont les bêtalactamines, dont l'amoxicilline prescrite en première intention. « La consommation d'antibiotiques en France demeure 30 % supérieure à la moyenne européenne », prévient toutefois Santé publique France.

Si les changements de consommations globales sont peu perceptibles, les données de Santé publique France font état d'une amélioration des pratiques médicales « en cohérence avec les recommandations de bonne pratique ». Cela se traduit par une augmentation de la consommation des bêtalactamines et une diminution de la consommation de fluoroquinolones (antibiotiques plus fortement associés à une augmentation des résistances). Par ailleurs, la consommation d'antibiotiques chez les jeunes a connu une baisse : - 15 % en dosent journalières/1 000habitants et - 31 % en nombre de prescriptions.

Chez l'animal, baisse satisfaisante

Selon les données 2018 du Résapath, portant sur 55 401 antibiogrammes en 2018, les taux de bactéries résistantes à la colistine se réduisent progressivement depuis 10 ans. Les tendances à la baisse pour les antibiotiques critiques observées depuis plusieurs années se confirment en 2018.

Sur la période 2011-2018, la proportion de souches multirésistantes est en diminution significative dans toutes les espèces sauf chez les équidés pour lesquels on observe une augmentation sur les quatre dernières années. Les souches multirésistantes restent les plus fréquentes chez les bovins (15,2 %), les équidés (10,4 %) et les porcs (7,7 %). Elle est beaucoup plus faible chez les volailles (3,3 % chez les poules/poulets et 2,9 % chez les dindes).

En 2018, il a été vendu en France 728 tonnes d'antibiotiques destinés à la santé humaine et 471 tonnes d'antibiotiques destinés à la santé animale.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr