Santé mentale au travail

Le coût de l’exclusion

Publié le 14/12/2011
Article réservé aux abonnés

VINGT POUR CENT de la population d’âge actif dans la zone OCDE est victime de troubles mentaux, majoritairement mineurs (dépression et anxiété). Les conséquences sont lourdes : côté pile, ces personnes, évincées du marché du travail, peinent à s’insérer dans la société et rompre leur isolement ; côté face, les économies accusent des pertes importantes en terme de productivité ou main-d’œuvre. Au total, l’addition des dépenses liées à une mauvaise santé mentale représentent 3 à 4 % du produit intérieur brut dans l’Union européenne, selon le rapport de l’OCDE, intitulé « Mal-être au travail ? Mythe et réalités sur la santé mentale et l’emploi ». Un coût qui, comprend-t-on à la lecture de l’étude, ne devrait pas laisser les gouvernements indifférents.

D’abord, ces personnes souffrantes ne sont pas à égalité avec leurs concitoyens face au marché de l’emploi. Pour un pays moyen de l’OCDE, leur taux d’emploi est de 55 à 70 %, soit 10 à 15 points de moins que celui des personnes en bonne santé et leur probabilité d’être au chômage est 2 fois plus élevée. Elles reçoivent donc, parallèlement à une pension d’invalidité, des prestations de chômage, d’assistance sociale, et éventuellement les allocations pour parents isolés.

Au travail, l’OCDE estime que « la mauvaise santé mentale induit de lourdes pertes de productivité ». Les travailleurs victimes de troubles mentaux sont absents plus souvent que les autres (32 % contre 19 %) et plus longtemps (6 jours contre 4,8 jours). Les 3/4 d’entre eux déclarent constater une baisse de leur productivité (contre1/4).

Prévention chez les adolescents.

Ce constat convaincra-t-il les pouvoirs publics à renouveler leurs politiques de santé publique ? « Les actions de suivi et de gestion des maladies ne suffisent pas : les mesures d’intervention et de soutien sont souvent trop tardives », dénonce le rapport. L’OCDE souligne en effet la possibilité d’agir précocement sur les troubles mentaux, qui apparaissent tôt (15 ans), en renforçant la prévention chez les adolescents. De plus, l’organisation préconise de se concentrer sur les troubles mineurs, qui concernent la majorité des travailleurs, et non seulement sur les pathologies lourdes. Moins connus, ils devraient faire l’objet d’une attention plus soutenue, qui pourrait se traduire par l’amélioration des conditions de travail et une meilleure coordination des acteurs de la santé au travail. Enfin d’importants progrès pourraient être réalisés dans la prise en charge des pathologies : près de 50 % des personnes atteintes de troubles mentaux graves et plus de 70 % pour les troubles mineurs ne bénéficient d’aucun traitement.

 C.G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9058