COUP SUR COUP, M. Obama a décidé la fermeture, dans un an au plus tard, de la prison de Guantanamo, d’appliquer la convention de Genève et d’interdire définitivement la torture, pour quelque raison que ce soit, aux États-Unis, d’abolir le « Gag Rule » qui interdisait aux médecins de parler d’IVG avec une patiente et au gouvernement fédéral de financer toute opération de planning familial dans le tiers monde, d’autoriser le financement fédéral de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, d’envoyer au Proche-Orient son nouvel émissaire George Mitchell, de lancer et de faire adopter par le Congrès un plan de relance de plus de 900 milliards de dollars, de plafonner à 500 000 dollars la rémunération des P-DG, de relancer la négociation START de désarmement nucléaire avec la Russie, qui a accueilli favorablement la proposition américaine, de sonder secrètement l’Iran et la Syrie, on en passe. C’est une somme considérable d’actions concrètes en un laps de temps aussi court. Dans l’inspiration des mesures se dessine une réforme des mentalités, du comportement politique, et un retour instantané au strict respect de la Constitution et de l’éthique.
Les premiers ennuis.
En même temps qu’il procédait à cette rupture, le président Obama tentait une ouverture. Fait sans précédent, il s’est rendu au Congrès pour demander aux parlementaires républicains de voter son plan de relance. Il a échoué, les vaincus des élections du 4 novembre dernier ne souhaitant pas faire la part belle à leur adversaire. M. Obama a néanmoins nommé trois républicains dans son cabinet. La presse américaine constate par ailleurs qu’une nouvelle méthode de travail a été instaurée par l’équipe de M. Obama. Les déclarations publiques ne sont prononcées qu’après avoir été mûrement réfléchies et obtenu l’aval de la Maison Blanche. Cette directive n’est pas de nature à satisfaire une presse en quête de scoops et de ce qui ne va pas dans un mode de gouvernance présenté comme presque parfait. Elle a d’ailleurs eu la peau de Tom Daschle, nommé secrétaire d’État aux Affaires sociales et chargé de la réforme de système de santé. M. Daschle a dû démissionner parce qu’il a oublié de payer 150 000 dollars au fisc. Une autre conseillère d’Obama est elle aussi partie pour des raisons similaires.
Loin de faire le silence sur ces deux affaires quelque peu embarrassantes, le président est venu devant les micros pour déclarer qu’il s’était lourdement trompé en nommant M. Daschle (« I screwed up ») et qu’il n’est pas possible que des gens puissants ne paient pas d’impôts quand tous les citoyens y sont assujettis. Bel effort de transparence. Certes, tout cela ne nous garantit pas une administration exempte de querelles de personnes ou de scandales. M. Obama est là pour au moins quatre ans, c’est long. En outre, George W. Bush lui a laissé des dossiers complexes et dangereux et une Amérique dont se méfient le monde arabo-musulman, la Russie et même la Chine, ainsi que cinq contentieux lourds : la nucléarisation de la Corée du Nord, celle de l’Iran (qui vient de placer un satellite dans l’espace, ce qui signifie que ce pays va pouvoir construire des missiles intercontinentaux), la crise du Proche-Orient, l’Irak et la zone Afghanistan-Pakistan. Un mandat n’y suffira pas.
M. Obama aurait déçu l’aile gauche du parti démocrate (très minoritaire) parce que nombre de ses conseillers viennent de l’administration Clinton, qu’il se refuse à dénoncer l’alliance traditionnelle avec Israël et qu’il rejette toute mesure économique de type dirigiste. Mais le nouveau président n’a jamais laissé croire qu’il était le sous-marin d’une révolution marxiste. Son ex-rival républicain, John McCain a bien tenté de lui tailler un costume « progressiste », l’électorat ne l’a pas cru.
Sa nouveauté, sa fraîcheur et sa transparence n’empêchent pas M. Obama d’être perçu par les adversaires de l’Amérique comme le représentant d’un pouvoir voué à défendre les intérêts de son pays. Il est significatif qu’il ait traité Hugo Chavez, l’inénarrable président vénézuélien, comme quantité négligeable, ce qui a plongé le même Chavez dans une rage antiaméricaine encore plus grave que du temps de Bush. Ce ne sont pas les revendications politiques de Chavez qui déplaisent au président américain, c’est sa vulgarité et son populisme. Car M. Obama vient d’apporter à sa fonction une dignité remarquable. Les damnés de la terre attendent de lui plus qu’il ne peut leur donner ; les autres devraient se féliciter de ce que le nouveau président éprouve du respect non seulement pour les autres mais pour sa propre mission.
UNE RUPTURE POLITIQUE, ÉTHIQUE ET SOCIALE
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