Juppé et Rocard remettent leur rapport à l’Élysée

Le grand emprunt respirera-t-il la santé ?

Publié le 18/11/2009
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Crédit photo : AFP

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CINQ MOIS ont passé et le chantier a progressé depuis que, le 22 juin, Nicolas Sarkozy annonçait devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles le lancement d’un grand emprunt : la commission présidée par les deux anciens Premiers ministres Alain Juppé et Michel Rocard a planché sur les « priorités nationales » éligibles à ce grand emprunt. Lequel, parti pour « peser » 100 milliards d’euros, en atteindra finalement plutôt… 35 (voir encadré).

Lors de sa dernière réunion, le 11 novembre, la commission Rocard-Juppé a finalisé son rapport. Avec quelle coloration « santé » ? « Forte ! », se réjouit un des 22 membres de ce prestigieux aréopage. Ce document final est en tout cas remis aujourd’hui au président de la République. La santé a été abondamment citée ces derniers mois parmi les cibles du grand emprunt. Ses lobbies (industriels, patrons de CHU, promoteurs de l’e-santé…) se sont mobilisés pour que le secteur fasse in fine partie des heureux élus de la future manne. Qu’en restera-t-il ?

On sait d’ores et déjà que les deux anciens Premiers ministres ont arrêté sept priorités : le soutien à l’enseignement supérieur et à la recherche (pour 16 milliards d’euros), la bio-économie (2 milliards), les énergies renouvelables (3,5 milliards), l’économie numérique (4 milliards), la ville de demain (4,5 milliards), les mobilités du futur (3 milliards) et le soutien aux PME innovantes (2 milliards). Directement ou pas, la santé est touchée à travers plusieurs de ces sept prismes : les CHU, la recherche médicale, les biotechnologies, les nanotechnologies… seront de la partie. Tout comme les systèmes d’information du secteur (l’idée d’aider les médecins à accéder aux bases documentaires numériques devrait, par exemple, faire partie des propositions Rocard-Juppé).

S’ajoute à cela le fait que, à plusieurs reprises, le président de la République, ses fidèles de l’UMP (comme Xavier Bertrand) ou des ministres du gouvernement (Valérie Pécresse notamment) ont, pour leur part, milité en faveur d’une forte orientation « santé » du grand emprunt.

Cinq IHU.

Ainsi, Nicolas Sarkozy a affirmé le 26 octobre devant le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) son souhait de voir l’opération « financer certains investissements au service de la santé de nos compatriotes » et évoqué la création des instituts hospitalo-universitaires. Des « IHU » préconisés par la commission Marescaux, lorsqu’elle réfléchissait en mai dernier à la réforme des CHU. Ce seront des « plateformes de soins, de recherche et d'enseignement de niveau mondial organisés autour d'un projet scientifique cohérent », « ils devront recruter les meilleurs professionnels, français et étrangers, (...) attirer des fonds privés pour accélérer leur développement, (...) susciter la création à leurs côtés, en étroite liaison avec les industriels, de PME de biotechnologies », a expliqué le chef de l’État. Ces IHU pourraient être créés dès l’an prochain mais au nombre de « cinq maximum », s’est engagé le président. Très orientés « santé publique », ils seront centrés chacun sur une pathologie comme les maladies neurodénénératives, les cancers, les maladies infectieuses…

Passée la phase du rapport, il restera plusieurs étapes à franchir pour le grand emprunt : celle des arbitrages du gouvernement, puis le parcours parlementaire puisqu’il doit faire l’objet d’un texte de loi au début de 2010.

 KARINE PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr