Prise en charge du suicide

Le nouveau plan est arrivé

Publié le 12/09/2011
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Crédit photo : AFP

ATTENDUE depuis le mois de mai, l’annonce du programme national d’actions contre le suicide 2011-2014 est finalement intervenue le 9 septembre, à la veille de la Journée mondiale de prévention du suicide. Doté d’une enveloppe globale de 15 millions d’euros, ce programme fait suite à la Stratégie nationale d’actions face au suicide 2000-2005 qui avait été initialement soutenue à hauteur de 16 millions. Néanmoins, selon un rapport d’évaluation publié en 2006 par la direction générale de la Santé, plus de 21 millions avaient été engagés par l’État et surtout les régions pour financer la trentaine de mesures du premier plan.

Pour le deuxième plan 2011-2014, le gouvernement a fixé pas moins de 49 mesures regroupées en six axes : développement de la prévention, amélioration de la prise en charge des personnes en risque suicidaire et de leur entourage, information et communication autour de la santé mentale et de la prévention du suicide, formation des professionnels, développement des études et de la recherche, animation du programme au niveau local. Ce plan se caractérise par sa dimension résolument interministérielle (Justice, Santé et Travail, Éducation nationale, Agriculture, Enseignement Supérieur et Recherche, Solidarité et Cohésion sociale), ce qui doit permettre d’« agir plus efficacement en termes de prévention et de prise en charge », indique le ministère de la Santé. En matière de prévention, il entend encourager « la sécurisation des lieux ou la réduction des produits dangereux utilisés pour le passage à l’acte ». Il vise à renforcer la lutte contre l’isolement social (personnes âgées, agriculteurs, jeunes homosexuels…), le développement des dispositifs d’aide à distance et les actions dans certaines institutions (prisons, établissements médico-sociaux).

Impulsion régionale.

En ce qui concerne la prise en charge, le plan prévoit l’élaboration d’un référentiel pour les adolescents dépressifs. À l’hôpital, des recommandations organisationnelles de prise en charge graduée des personnes ayant fait une tentative de suicide sont prévues. Une démarche spécifique de mise en réseau des professionnels dans certains contextes à risque (comme lors de restructurations d’entreprise) est également encouragée. Dans le domaine de la formation, le plan comprend des mesures pour les professionnels du soin et de l’action sociale (en particulier chez ceux travaillant au contact d’enfants, d’adolescents, de personnes âgées ou de personnes détenues). Le milieu de l’entreprise est aussi concerné, « afin que l’ensemble du personnel puisse acquérir une connaissance en matière de prévention des risques psychosociaux ». Pour les équipes soignantes, « le contenu de l’enseignement sur la crise suicidaire et sa prise en charge doit être inclus à terme dans le cadre de la mise en place du développement professionnel continu ».

Dans son volet recherche, le plan vise à améliorer l’analyse des données sur le suicide et tentatives de suicide en population générale, dans le milieu professionnel, les établissements pénitenciers et médico-sociaux. « Les projets innovants de prévention du suicide seront évalués et favorisés » en inscrivant cette thématique « dans les priorités nationales de recherche, en particulier les programmes hospitaliers de recherche clinique », peut-on lire dans le document de présentation du programme d’actions. Un comité de pilotage présidé par le Directeur général de la santé, le Dr Jean-Yves Grall, se réunira trimestriellement pour s’assurer de la mise en œuvre effective des 49 actions. Un comité de pilotage élargi aux agences et opérateurs nationaux ainsi qu’aux principales associations se réunira au moins une fois par an. Enfin, les Agences régionales de santé (ARS) ont la charge d’assurer la coordination des acteurs pour la mise en œuvre des actions de prévention du suicide au sein de leurs territoires. Le niveau d’implication des ARS sera suivi de près car l’un des écueils du premier plan Suicide avait justement été la faible mobilisation des acteurs au niveau régional.

 DAVID BILHAUT
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9001