Le Service de santé indien : des moyens insuffisants

Publié le 15/11/2011
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IL EXISTAIT, en 2008, aux États-Unis, environ 4,9 millions de personnes considérées comme étant Amérindiennes ou autochtones d’Alaska (à part entière ou en combinaison avec une ou plusieurs autres races), selon le Bureau de la santé des minorités américain. Soit 1,6 % de la population des États-Unis. 1,9 million habitent dans des Réserves ; 60% résident en milieu urbain. Ils sont affiliés à différentes Tribus ou Nations, dont 565 sont reconnues par le gouvernement fédéral et plus d’une centaine par des États.

Dans son discours, à l’occasion de la cérémonie d’inauguration de l’exposition « Native Voices », le Dr Yvette Roubideaux, directrice du Service de santé indien (SSI) au sein des services de santé publique américains, elle-même membre de la tribu Sioux Rosebud du Sud Dakota, a souligné les inégalités de santé qui continuent à toucher les Amérindiens et les autochtones d’Alaska par rapport aux autres Américains : « Leur espérance de vie est toujours de plus de cinq ans en dessous de celle de la population générale, leur taux de mortalité dû au diabète est trois fois plus important et leur taux de suicide presque deux fois supérieur. »

Pour tenter de répondre aux problèmes sanitaires les plus graves affectant ces communautés, des programmes ont été mis en place par le SSI, notamment un plan pour la prévention du diabète, accompagné d’un programme de surveillance cardiaque. Mais « de nombreux défis restent à relever », selon le Dr Susan Karol, membre de la Nation Indienne Tuscarora de l’État de New York et chef des services médicaux du SSI.

« Le plus grand obstacle, explique-t-elle au « Quotidien », tient au fait qu’il s’agit d’une population très rurale et ne disposant pas de moyens de transport lui permettant d’accéder aux centres hospitaliers mis à sa disposition ». Mais elle admet également que les centres sanitaires sont « médiocres » et que « le financement est insuffisant ». « C’est parfois difficile, constate-t-elle, de fournir des soins adéquats. Nous n’avons pas assez de personnel ou le personnel n’est pas de la Tribu et ne connaît pas la culture, ou ne reste pas assez longtemps pour l’apprendre. » Et s’adressant particulièrement aux lecteurs du « Quotidien », cette chirurgienne, qui a notamment travaillé dans une Réserve Navajo au Nouveau-Mexique, où elle a pris le temps d’apprendre la langue, ajoute : « Le SSI a un très grand besoin de médecins. C’est une expérience merveilleuse, promet-elle, c’est une population si reconnaissante, elle est heureuse de pouvoir vous aider, elle vous repaie pour ce que vous faites. »

I. T.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9041