LE PREMIER grand volet de propositions est réglementaire. Certaines adaptations juridiques peuvent être envisagées, portant notamment sur la maîtrise des antibiotiques à l’hôpital. À l’heure actuelle, elle est régie par une circulaire datant de mai 2002, qui pourrait utilement évoluer vers un décret afin que les mesures soient appliquées avec plus de force, tant dans les établissements publics que privés. Des progrès pourraient également être faits sur les rapports standardisés des hôpitaux, en particulier en tenant compte du temps réellement dévolu à l’activité du médecin référent par rapport à la taille de l’établissement.
Enfin, le statut même des antibiotiques, qui sont actuellement soumis à la règle commune, pourrait évoluer afin de promouvoir la recherche de nouvelles molécules. Une réflexion sur ce thème a lieu en Europe et aux États-Unis, et la réponse pourrait être non pas nationale, mais internationale.
La formation initiale et continue.
Le deuxième grand volet de propositions concerne la formation, initiale et continue. Une formation obligatoire sur l’usage des antibiotiques et les résistances pourrait être introduite dans le troisième cycle des études médicales, quelle que soit la spécialité choisie. Dans le cadre de développement professionnel continu (DPC), la Haute Autorité de santé (HAS) pourrait définir cette même thématique comme un des axes prioritaire. « La grande majorité des médecins manque aujourd’hui cruellement d’une formation sur le bon usage des anti-infectieux », plaide le Dr Alfandari.
Aide au diagnostic.
Une autre voie de progrès se fonde sur l’aide au diagnostic, et notamment le recours plus large aux tests de diagnostics rapides. Celui pour l’angine est délivré gratuitement par les caisses d’assurance maladie, mais il reste insuffisamment diffusé. Une réflexion est également en cours sur les bandelettes urinaires, qui pourraient elles aussi bénéficier d’une diffusion gratuite par exemple. À l’hôpital, on pourrait envisager de faire appel aux tests PCR en temps réel, qui permettent de donner un diagnostic en une à deux heures, et donc « au lit du malade », souligne le Dr Alfandari.
Poursuivre les actions de communication.
Le slogan du premier plan antibiotique, « les antibiotiques, c’est pas automatique », est vraiment resté dans les mémoires et a entraîné une prise de conscience du grand public. Avec à la clé, une baisse de la consommation des antibiotiques, la France étant passée du rang de premier consommateur européen en 2000, à la quatrième place en 2008.
Le nouveau slogan « Si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts », cible plus le problème des résistances bactériennes et n’aura peut-être pas le même impact que le précédent. Mais il a le mérite de poursuivre les efforts de communication auprès du grand public, qui peut également bénéficier d’actions menées auprès des enfants dans les écoles. Le programme d’éducation à l’hygiène « e-bug » réalisé dans le cadre du plan antibiotiques 2007-2010 à destination des écoles primaires avait été commandé par 16 % des enseignants à la fin octobre 2009.
L’accès à l’information des professionnels doit également être amélioré. La mise à disposition, sur le site du plan antibiotiques, d’un moteur d’aide à la décision est l’une des principales actions pratiques menées pour les médecins, qui peuvent en quelques clics accéder à des données précises. Il faudrait désormais s’attacher à trouver un mode de diffusion pérenne afin que les praticiens reçoivent les informations actualisées.
Surveillance et recherche.
Au niveau de la surveillance, les hôpitaux sont tenus de faire un rapport annuel sur la consommation d’antibiotiques. Il faudrait obtenir des données plus précises et mettre en place des systèmes d’alerte, par exemple en cas de consommation particulièrement élevée d’un antibiotique par un service. Tout un travail d’harmonisation des différents logiciels de recueil des données, qui ne sont à l’heure actuelle pas normalisés, est à faire pour permettre de colliger les informations de façon automatique.
Dans le domaine de la recherche, des travaux sont nécessaires pour évaluer les conséquences de la résistance bactérienne sur la morbimortalité et les coûts.
La France pourrait utilement adhérer à un programme européen de surveillance des résistances mis en place récemment. Il ne s’agit là que de propositions. Le Dr Alfandari précise que, à la demande de Roselyne Bachelot, le troisième plan devrait être rédigé avant la fin de l’année.
* D’après un entretien avec le Dr Serge Alfandari, service de réanimation et maladies infectieuses, CH Tourcoing ; comité antibiotiques.
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