MALGRÉ leur modeste taille, comparée aux bailleurs de fonds ou aux organisations non-gouvernementales internationaux, les collectivités territoriales sont stratégiques pour développer la coopération décentralisée entre le Nord et le Sud. Afin de s’y retrouver dans cette myriade de structures, qui, en grande majorité, consacrent un volet de leurs actions à la santé, Cités Unies France et l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement (ACTED) ont étudié une centaine de collectivités (sur 400) présentes dans 7 pays d’Afrique : Bénin, Burkina Faso, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal. Bien que de budget très variable (de quelques centaines d’euros à plus d’un million d’euros), elles dessinent leurs missions de façon semblable, en se consacrant à près de 70 % (68 %) aux infrastructures (construction, entretien et sécurisation du bâti) et 30 % aux ressources humaines. La moitié des projets concernent la médecine générale et la santé maternelle et périnatalité, 20 % la nutrition, 15 % les grandes pandémies (paludisme, VIH...) et 10 % l’hygiène. En outre, les collectivités réservent 12 % de leur activité à la prévention en lien avec les associations locales. Elles sont donc devenues, depuis les années 1990 où la conférence de Bamako a affirmé l’assise locale des soins primaires, des acteurs incontournables de la coopération décentralisée dans les pays du Sud.
La ville d’Angers, jumelée avec Bamako (Mali) depuis 1974, a ainsi participé à la construction et rénovation de 6 centres de santé communautaires et elle pilote actuellement un plan de renouvellement de matériels médicaux jusqu’en 2014. Les financements sont pluriels. En 1985, le conseil municipal de la ville a voté la distribution de 0,5 % de son budget à la coopération en matière d’éducation, puis à la fin des années 1990, la communauté d’agglomération Angers Loire Métropole a décidé d’accorder 0,3 % de ses fonds à des programmes sur l’hygiène, l’eau, ou le traitement des déchets a expliqué Gérard Boussin, directeur de la direction santé publique d’Angers.
Le revers de la médaille.
La pluralité des instances fait aussi la force à Lyon, où l’association Santé Mali Rhône-Alpes (SMARA), dirigée par Claude Moulinier, a mis en place depuis 25 ans un maillage sanitaire dans la région Nord du pays en s’appuyant sur l’action de 3 médecins français, mais aussi d’ONG, du conseil régional de Rhône Alpes et de l’Assemblée Régionale de Tombouctou.
Cet atout des collectivités a néanmoins son revers de la médaille. Petites, elles sont réactives et immédiatement efficaces, car ancrées dans les réalités territoriales. Mais le risque demeure « une solidarité de saupoudrage » dispersée entre plusieurs acteurs, met en garde Charles Josselin, ancien président de Cités Unies France. Sans compter qu’encore peu visibles, leur recherche de financement est périlleuse : l’agence française de développement (AFD) et le ministère des Affaires Étrangères reconnaissent que les collectivités ne peuvent leur demander des billes, leurs relations se limitant à des échanges d’informations.
Un ultime défi incombe enfin à ces collectivités : savoir jongler entre des initiatives locales multilatérales et les politiques nationales de santé des Pays du Sud. « Comment peut-on passer de la construction à l’aide au fonctionnement sans trop s’immiscer dans la politique du pays, sans déstabiliser des orientations qui se mettent en place ? Avons-nous le bon rôle lorsque nous accompagnons la formation des acteurs des centres médicaux qui n’est pas prise en charge par les universités des hôpitaux maliens ? », s’interroge l’Angevin Gérard Boussin.
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