Les amants diaboliques à l'italienne : un médecin et une infirmière accusés d'une dizaine de meurtres à l'hôpital

Publié le 02/12/2016
Laura Taroni

Laura Taroni
Crédit photo : AFP

Soupçonnés d'avoir assassiné plusieurs patients en fin de vie, Leonardo Cazzaniga médecin anesthésiste, et sa maîtresse, Laura Taroni, de profession infirmière, ont été arrêtés ce mardi à Milan.

Le couple, qui avait une relation depuis plusieurs années, aurait aussi, selon les enquêteurs, éliminé le mari de l'infirmière en mélangeant des antidiabétiques à des pâtes au pistou. Il mourra au bout de six mois en juin 2013 d'une overdose médicamenteuse. Pour éviter une éventuelle autopsie, Laura Taroni fait incinérer le corps de son époux. Toujours selon les enquêteurs, l'infirmière aurait également songé à se débarrasser de ses deux fils. Durant plusieurs mois, Laura Taroni a donné des anxiolytiques à son fils âgé de onze ans. Le couple envisageait aussi d'éliminer un cousin par alliance un peu trop curieux.

Cocktail meurtrier

À l'hôpital, l'affaire éclate en 2014 lorsqu'une infirmière, affolée par le nombre de morts dans le service où travaille le couple, contacte la justice. Devant un magistrat, elle parle d'un certain « protocole Cazzaniga ». Un cocktail à base de morphine et de sédatifs inventé par Leonardo Cazzaniga pour aider les patients à « partir en douceur ».

Le médecin anesthésiste et l'infirmière sont placés sous écoute. Deux ans passent. Le juge continue à alimenter l'épais dossier qui conduira à l'épilogue du 29 novembre. Accusés au départ de quatre meurtres, les deux amants sont accusés par le magistrat d'avoir commis des dizaines de meurtres après avoir saisi cinquante dossiers médicaux concernant des décès suspects.

Omerta et mis en examen de cadres de l'hôpital

La direction de l'hôpital de Saronno (Lombardie) où exerçaient le médecin et l'infirmière, se dit choquée. Mais pour le juge d'instruction, une partie de cette direction a décidé de couvrir les deux amants pour éviter un scandale. Quatorze cadres ont été mis en examen pour faux, complicité de meurtre et délit de non-dénonciation. « Un climat d'omerta régnait dans tout l'hôpital, beaucoup de personnes savaient ce qu'il se passait et ne disaient rien par peur », a confié une source proche du magistrat à la presse italienne. Dans cette affaire aux contours particulièrement sordides, deux autres médecins risquent des peines de prison assez lourdes pour complicité de meurtre, le chef de service Nicola Scoppetta et le Dr Simona Sangion également accusée d'avoir menacé la direction. « Si je ne suis pas recrutée rapidement en CDI, je raconte à la police qu'un anesthésiste flingue les patients dans cet hôpital », aurait déclaré le Dr Sangion durant une conversation téléphonique.

Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr