Bisphénol A et grossesse

Les enseignements d’une étude pilote

Publié le 29/06/2011
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RAPPORTÉE dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), l’étude pilote a été menée dans le département de Seine-Saint-Denis et dans la région Rhône-Alpes auprès de 30 maternités, sur 571 naissances. Son premier objectif était de valider les procédures de collecte, de stockage et d’analyses des échantillons afin de « mieux dimensionner l’étude au niveau national ». Le second était de décrire les niveaux d’imprégnation des mères aux substances les plus émergentes – comme les phtalates ou le bisphénol A (BPA) – dans le but d’aider à la « hiérarchisation des biomarqueurs à prendre en compte dans le plan national de biosurveillance, dont ELFE constitue le volet périnatal ».

Les biomarqueurs de BPA et de phtalates (perturbateurs endocriniens qui peuvent induire des effets sur le développement et la reproduction) ont été retrouvés chez plus de 90 % des sujets, « ce qui concorde avec le caractère ubiquitaire de l’exposition à ces substances dans la population », notent les auteurs de l’étude pilote. « La distribution des concentrations montre une grande variabilité des valeurs au sein de la population étudiée, suggérant différentes sources potentielles et divers facteurs pouvant influencer ces concentrations », poursuivent-ils. L’étude Elfe devrait permettre de mieux cerner les sources d’exposition (aliments, médicaments, cosmétiques, habitat) et mieux comprendre cette variabilité.

Contamination par le matériel.

Parmi les phtalates, les résultats de l’étude pilote montrent que les métabolites du DEHP, l’un des phtalates parmi les plus courants, utilisés comme plastifiants, « sont ceux présentant les concentrations les plus importantes ». Or, du fait de la demi-vie assez courte des métabolites (MEHP), cette concentration importante dans les urines suggère une exposition récente, « à savoir à l’hôpital, quelques heures avant les prélèvements urinaires ».

Par ailleurs, des différences ont été mises en évidence selon le type d’accouchement. Contrairement à un accouchement par voie naturelle, une césarienne nécessite, par exemple, la pose d’une poche urinaire. « L’hypothèse soulevée est celle d’une contamination par le matériel médical », soulignent les auteurs. Ainsi, dans le cadre d’études de biosurveillance, et en particulier pour l’étude ELFE, les consignes aux sages-femmes en maternité devront être adaptées et la collecte biologique des urines recommandées avant tout geste médical. Les résultats de l’étude « mettent aussi en évidence une voie d’exposition, via les dispositifs médicaux, des femmes enceintes et de leurs nouveau-nés lors de longs séjours hospitaliers (unité de soins intensifs en néonatalogie ou en gynécologie-obstétrique) ».

* Lire notamment « le Quotidien » du 22 juin 2011.

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8991