LES INDES françaises, Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Mahé, quelques petits territoires en marge des Indes anglaises. Les Français s’y installent dès le XVII e siècle. Ils amènent avec eux leurs médecins militaires les « médecins des troupes de la Marine » En 1850, ils fondent un hôpital à Pondichéry, où est accueillie et soignée la population locale. Très vite, le personnel médical français ne suffit plus à la demande. Une école de médecine française est alors créée, en 1863. Elle forme de jeunes Pondichériens, qui en sortiront « officiers de santé », puis, à partir de 1930, « médecins locaux », à la formation plus complète.
Le père du Dr Nallam V était l’un de ces médecins locaux. Il va rapidement devenir un chirurgien brillant dont les qualités humaines le rendront très populaire. Il travaillera plus de 20 ans dans le service de chirurgie de l’hôpital de Pondichéry et formera des centaines d’élèves.
Abandonnés.
1954, l’année du transfert des territoires français à l’Inde, indépendante depuis 1947, va apporter son lot de bouleversements. Un traité de cession bâclé par une France engluée dans ses guerres coloniales. Le gouvernement français de l’époque donne aux Pondichériens le choix entre nationalité française ou indienne. Craignant que, devenus Français, ils ne soient obligés de partir pour la France, la plupart optent pour la nationalité indienne. Ce qui était faux, mais le doute a été bien entretenu, pour des raisons politiques.
La conséquence fut la mise à l’écart brutale des médecins ayant choisi la nationalité indienne. Abandonnés par la France, leurs diplômes ne furent jamais reconnus par l’Inde. Aucune équivalence ne leur a été délivrée. Aucun égard pour leur expérience, leur qualification et leur compétence. Tout juste une faveur de continuer à exercer la médecine uniquement à Pondichéry. Ils se sont retrouvés avec un statut de médecin débutant travaillant sous les ordres de jeunes médecins sortis des nouvelles universités indiennes. Et un salaire misérable jamais revalorisé.
Le Dr Nallam V, alors adolescent, a été le spectateur de la déchéance et de l’humiliation de son père, qui a sombré dans une profonde dépression et dans l’alcoolisme.
Ce livre le Dr Nallam V l’a écrit pour son père mais aussi pour raconter cette histoire méconnue de la médecine française en Inde. Il fait revivre avec un sens aigu du détail tous ses acteurs, médecins français et indiens, officiers de santé, sages-femmes, religieuses, missionnaires. Tout y passe, infrastructure et hygiène des établissements hospitaliers, pharmacopée, maladies tropicales, programmes de l’école de médecine française…On y apprend aussi, non sans une certaine délectation revancharde, que les Anglais avaient développé en Inde une médecine ségrégationniste destinée uniquement aux Européens et aux militaires. À l’opposé de celle des Français qui se sont occupés très tôt de la population autochtone et des plus pauvres. Déjà les French Doctors.
Le Dr Nallam V fait aujourd’hui parti de ces derniers Pondichériens nourris de culture française. Dans 20 ans ils auront disparu. Il ne restera sans doute de la présence de la France dans ce lointain territoire que ces rues bordées de pimpantes maisons coloniales. Une rue Alexandre Dumas croisant à angle droit une rue de La Bourdonnais ou une avenue de Suffren. Qui, à part quelques touristes français émus, reconnaîtront dans cette statue dressée, une Jeanne d’Arc veillant sur l’église Notre-Dame-des-Anges ?
* Samhita Publications, Chennai 2009.
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