Les syndicats de médecins libéraux ont peu goûté l’intervention du Premier ministre au congrès national de l’Ordre. Manuel Valls leur a pourtant tendu la main, en insistant à plusieurs reprises sur la nécessité du dialogue, et en les invitant à s’investir dans sa grande conférence de la santé, dont on connaît dorénavant la date : le 11 février 2016.
Peine perdue. Les syndicats ont peu goûté cette bien tardive concertation, qui interviendra après l’adoption de la loi de santé. La messe est dite et il ne reste rien à négocier, selon eux. À cet égard, la véritable bronca déclenchée par les congressistes (en présence du Premier ministre) à la seule évocation du nom de Marisol Touraine en dit long sur la dégradation des relations entre les libéraux et le pouvoir exécutif.
Les syndicats donnent le sentiment d’avoir même dépassé le stade de la colère. « Je ne suis ni surpris, ni enchanté, ni désenchanté du discours du Premier ministre », commente laconiquement le Dr Claude Leicher, président de MG France. De son côté, le Dr Éric Henry, président du SML, confesse avoir quitté la salle du congrès juste avant la prise de parole de Manuel Valls. « Nous n’attendons plus rien de lui », lâche-t-il. S’il a loué le métier de médecin, « l’attachement des Français pour la profession », et sa « profonde reconnaissance », Manuel Valls n’a fait aucune concession aux médecins libéraux qui s’apprêtent à entrer en grève le 13 novembre prochain pour s’opposer à la loi de santé. « Manuel Valls n’a rien annoncé », souligne le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Le discours du Premier ministre est même perçu par le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, comme une « provocation ». « Nous n’avons cessé de faire des propositions qui n’ont jamais été prises en compte et ont été balayées d’un revers de main, rappelle Jean-Paul Hamon, le gouvernement se fiche de nous. » À l’issue de l’intervention de Manuel Valls, le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML lui « donnait rendez-vous à partir du 13 novembre », au premier jour de fermeture des cabinets médicaux.
Dialogue de sourds
Le divorce semble consommé entre les médecins et le gouvernement. Le Premier ministre a en effet affirmé que le gouvernement assumait la mise en place du tiers payant, la nouvelle organisation territoriale des soins avec davantage de responsabilités confiées aux ARS ou l’ouverture des données de santé... « Si les pouvoirs publics n’entendent pas notre colère et notre désillusion, cela veut dire que le dialogue ne veut plus rien dire pour Manuel Valls », affirme le Dr Éric Henry. La généralisation de l’obligation de la dispense d’avance de frais est un casus belli pour la profession. Le gouvernement a beau promettre un système simple (voir ci-dessous), « les régimes obligatoire et complémentaire sont déjà en guerre au sujet de la double facturation », observe le Dr Leicher. Les médecins vont continuer à s’opposer au tiers payant généralisé obligatoire, affirme Jean-Paul Ortiz, qui rappelle que la CSMF a lancé le mot d’ordre de désobéissance civile pour empêcher chaque nouvelle étape de sa mise en place.
Une chose est sûre, les syndicats de médecins libéraux maintiennent leur mot d’ordre de boycott de la grande conférence de santé. Pas un n’a l’intention de s’y rendre. Seul MG France laisse planer un léger doute, rappelant qu’il avait conditionné sa participation à des gestes substantiels du gouvernement à l’égard de la filière de médecine générale. « S’il ne fait rien, on n’ira pas », conclut Claude Leicher.
« Si le gouvernement pensait que notre opposition à la loi de santé était liée aux élections professionnelles, et qu’elle cesserait après, il sait aujourd’hui qu’il s’est planté », conclut le Dr Jean-Paul Hamon.
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