La course à la présidentielle

Les partis face aux médecins de bloc opératoire

Publié le 05/12/2011
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PREMIER syndicat parmi les spécialités de plateaux techniques lourds, le BLOC a reporté son mouvement d’arrêt d’activité initialement prévu fin novembre/début décembre. Mais il attend beaucoup de l’élection présidentielle. Le syndicat avait donc invité plusieurs experts santé des principaux partis à débattre notamment de l’accès aux soins. « La santé est un thème souvent éludé dans les campagnes électorales, souligne le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC. Que proposez pour les cinq prochaines années ? » Quatre représentants de candidats (1) ont détaillé tour à tour les grandes lignes du programme de leur favori pour les plateaux techniques lourds (chirurgie, anesthésie, obstétrique).

La gravité l’emporte chez Philippe Juvin (UMP), soutien de Nicolas Sarkozy : « La crise est là et il y a un impératif : mieux gérer le pays. Nous devrons faire preuve de vertu pour les dépenses publiques et notamment en santé ». L’expert santé de l’UMP tente de séduire son auditoire. Il évoque la nécessaire évolution des tarifs opposables et reconnaît que le secteur optionnel adopté dans le PLFSS 2012 - qui écarte les praticiens de secteur I - est « imparfait ». « Mais au moins, c’est déjà ça de pris, surtout dans un contexte tendu », ajoute-t-il. Le problème des trous de garantie de responsabilité civile professionnelle (RCP) a été résolu dans la loi de finances. Le Dr Cuq redoute pourtant de nouvelles hausses de cotisations. « Il faut maintenant un dialogue serein et ferme avec les assureurs pour limiter l’augmentation des primes », précise Philippe Juvin.

Jean-Marie Le Guen, champion de François Hollande, porte un discours radicalement différent. « Je n’ai pas entendu dire que le secteur optionnel donnait satisfaction aux professionnels », glisse-t-il avec ironie. Le recours aux complémentaires santé pour financer l’accès aux soins n’est selon lui, « pas la solution ». Le député PS parisien appelle à revoir le système de rémunération et à apporter une réponse aux « dépassements d’honoraires qui posent des problèmes d’accès aux soins ».

« La question n’est pas de solvabiliser les dépassements d’honoraires qui sont effectivement un problème pour l’accès aux soins mais de revaloriser la mission des généralistes et de revenir sur l’existence du secteur II », affirme pour sa part David Belliard (Europe Écologie-Les Verts). Le représentant d’Eva Joly estime que les dépenses de santé pourraient être davantage contrôlées si la prévention prenait plus de place dans le système de santé. Elle permettrait notamment d’éviter « l’explosion des affections de longue durée (ALD) ».

Pour combler le déficit des comptes sociaux, Joëlle Mélin préconise de supprimer les niches sociales. La responsable santé du Front national veut permettre à l’assurance-maladie d’entamer des actions récursoires pour récupérer des sommes remboursées pour des ALD qui n’auraient pas dû l’être.

Les candidats ont cinq mois pour préciser leur projet et les chirurgiens pour faire leur choix.

(1) Le MODEM, le Nouveau Centre et le Parti de Gauche n’ont pas envoyé de représentant

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9053