IL NE FAUT PAS NÉGLIGER le geste de la Première secrétaire : il n’est pas anodin dans la mesure où la mise à l’écart permanente de Ségolène Royal aurait, à terme, entraîné un schisme. La participation active des partisans de Mme Royal aux travaux du bureau national va augmenter considérablement la crédibilité des socialistes à un moment où les Français, terrifiés par les effets néfastes de la crise économique et sociale, cherchent désespérément une alternative à un pouvoir sarkozyste passablement essouflé. De ce point de vue, on doit saluer le travail accompli par Martine Aubry, qui a fait son chemin avec brio, d’abord en s’emparant très habilement du poste de première secrétaire (par la neutralisation surprenante de Bertrand Delanoë), ensuite en offrant un espace à la gauche du parti (Benoît Hamon), enfin en écartant Ségolène Royal, alors que celle-ci représentait chez les militants la tendance la plus forte.
Aubry au faîte de sa puissance.
Entre-temps, la popularité de Mme Royal s’est considérablement affaiblie, ce qui montre à quel point il est essentiel de tenir l’appareil. Quelques déclarations intempestives de l’ex-candidate à la présidence n’ont pas amélioré non plus sa propre crédibilité. Quoi qu’il en soit, tout se passe comme si Martine Aubry, au faîte de sa puissance, tend la main à une Ségolène Royale d’autant plus acceptable qu’elle mobilise moins les foules. Et puis, accès d’humilité à laquelle Mme Royale ne nous a pas habitués, elle dit aujourd’hui qu’elle est « derrière » Martine Aubry. Bref, la personnalité socialiste dont l’avenir semble le plus radieux, c’est bien la maire de Lille. Son ascension lente et sûre, dépourvue de tout effet médiatique, la fermeté jamais excessive ou vulgaire de son discours d’opposition, ce caractère bien trempé qu’on lui connaît et qui lui permet de passer outre aux babillages, démontre aux fabiusiens et aux strauss-kahniens, qui l’avaient sacrée reine avec la certitude qu’elle ne serait pas candidate en 2012, qu’ils se sont tout aussi trompés que M. Delanoë.
Pour autant, est-ce que tout cela signifie que Ségolène Royal a renoncé à se présenter de nouveau, qu’elle rentre dans le rang, que la souveraine a abdiqué ? Non, bien entendu. Il y aurait même là une certaine contradiction stratégique : Mme Royal a toujours joué sa popularité en s’adressant non pas au parti mais aux Français en général. Sa soudaine (mais apparente) humilité, son obéissance à la hiérarchie, son consentement à rejoindre les apparatchiks ne coïncident guère avec les ambitions d’une femme qui s’est déjà comparée à Jeanne d’Arc et qui est tellement imbue de son destin personnel qu’elle n’a même reconnu la victoire de son rival en 2007. On mettra à son crédit qu’elle n’a pas dit et ne dira sans doute jamais qu’elle n’est plus candidate. Elle joue la légitimité d’une femme qui est arrivée en tête des primaires du PS et dont la tendance, pour ne pas dire le courant, terme qui lui fait horreur, doit être représentée au sein des instances dirigeants du partI. En d’autres termes, la réconciliation entre les deux Dames de fer ne fait que préparer un combat au finish qui aura lieu lorsque le PS devra choisir son (sa) candidat (e) à la présidence de la République.
Reculer pour mieux sauter.
Ce qui est vrai en revanche, c’est que la gravité de la crise, les difficultés du pouvoir, le désarroi, pour ne pas dire la peur, des Français simplifient le discours de l’opposition. Dès lors qu’il s’agit simplement de dire que tout va mal et que c’est la faute de Sarkozy, l’opinion ne discerne pas les nuances (importantes) entre l’avis de Martine Aubry et celui de Ségolène Royal. D’autant que Mme Royal, dont le projet s’appuie sur une ouverture au centre (contrairement à celui de Mme Aubry, ce qui indique deux positions diamétralement opposées) parle de « révolution » en Guadeloupe, ce qui ne laisse pas beaucoup de place au discours de M. Hamon. La Première secrétaire peut en être agacée, mais pas scandalisée. Bref, elles ont toutes deux reculé pour mieux sauter. Elles vont faire un bout de chemin ensemble, disons jusqu’à 2011, soit pendant deux ans. Si tout va bien. Si Ségolène, avec le tempérament qu’on lui connaît, ne va pas sauter sur l’une de ces occasions que l’actualité fournit à foison pour essayer de renverser sa rivale.
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