LA RÉPONSE EST NON. Quand l’ouragan Katrina a ravagé la Nouvelle-Orléans, les habitants de la Louisiane n’ont pas lancé des imprécations contre la nature mais contrte l’impréparation du gouvernement à tous les niveaux, local et fédéral. L’addition des incompétences du maire de la ville, de la gouverneure et des services fédéraux, notamment de la FEMA, l’organisation fédérale qui se porte au secours des sinistrés, a transformé une catastrophe susceptible d’être contenue dans le temps en disparition durable d’une partie de la ville. À ce jour, la Nouvelle-Orléans n’est pas reconstruite ; pis, la menace que font peser les faibles digues censées protéger la ville d’un débordement du lac Pontchartrain n’est pas levée, en dépit des dépenses colossales faites par l’administration de M. Bush.
Quelques leçons.
Fort heureusement, en France, nous avons tiré quelques leçons de la tempête de 1999. D’abord en nous donnant des moyens de prévision météorologique plus efficaces. La force exacte de la tempête a été prévue, ce qui a au moins permis de limiter le nombre de victimes. Sur les huit décès qui se sont produits, quatre étaient dûs à l’usage en espace confiné de générateurs d’électricité. On apprend de toutes les expériences et, la prochaine fois, on fera des recommandations multiples pour que les gens n’utilisent ces générateurs que dans des espaces aérés.
Des millions de personnes ont été privées d’électricité, ce qui a augmenté sensiblement leur détresse. Un débat a commencé aussitôt sur l’enfouissement des lignes électriques. Ce n’est pas la panacée et sans doute ne faut-il pas y procéder systématiquement : non seulement l’enfouissement est coûteux, comme l’a souligné M. Sarkozy (qui a parlé de 100 milliards), mais une ligne enfouie exige un entretien beaucoup plus onéreux et lent. Il demeure que, dès lors que, dans le cadre de son plan de relance, le gouvernement entend entreprendre de grands travaux, il devrait envisager, assez vite, des enfouissements partiels de lignes électriques.
Les compagnies d’assurances ont provisionné le risque de catastrophe en faisant payer une cotisation spécifique depuis longtemps, ce qui constitue un acte efficace de solidarité dicté par le marché et non par le gouvernement. Elles devront se dépêcher d’indemniser les sinistrés pour réduire leur temps de souffrance. On ne saurait nier la diligence avec laquelle les employés des distributeurs d’électricité et des compagnies de téléphone ont agi, parfois avant même que la tempête ne s’apaise. On ne saurait pas davantage leur reprocher d’aller trop lentement. Il n’empêche que des millions d’habitants ont été privés d’électricité et de téléphone, souvent d’eau potable, et que chacun peut mesurer combien, pour le génie humain, les conséquences de la violence de la nature sont difficiles à contrecarrer.
Dans ces conditions, le gouvernement doit peser qu’au beau milieu d’une crise économique particulièrement aigüe, le pays n’avait vraiment pas besoin de cette catastrophe naturelle. Si on soulève la question du réchauffement climatique et des aberrations auxquelles il conduit, le problème est trop large pour être réglé, même à long terme, par la France seule. C’est le premier constat d’impuissance de l’État. Lequel ne peut rien non plus contre une fréquence accrue des tempêtes, si elle se confirmait. Dans les Caraïbes et dans le Sud des États-Unis, le fatalisme est la seule arme contre les ouragans et les cyclones. On y a appris comment s’abriter, comment faire le dos rond et attendre que ce soit terminé, on ne sait pas dévier les ouragans vers l’océan ni dresser un barrage contre le vent. Il n’est pas impossible, en revanche, que nous adoptions un jour le comportement des habitants des Tropiques, qui recouvrent leurs fenêtres avant la tempête et prennent toutes les dispositions, fussent-elles parfois dérisoires, pour atténuer la violence du choc et ses conséquences économiques.
Un drame pour la forêt.
Parmi les profonds changements qu’apporte le XXIè siècle à notre mode de vie, ceux du climat exigent les les plus grands efforts d’adaptation. En moins de dix ans, les forêts françaises ont subi deux extraordinaires dévastations, alors qu’elles commençaient à peine à se relever des conséquences tragiques de 1999. La forêt représente un élément essentiel du paysage français, du climat tempéré, de l’absorption du gaz carbonique, de la construction et de l’activité économique en général. L’industrie forestière n’est pas restée inerte depuis dix ans. Mais une question angoissante reste posée : est-ce que la forêt française peut subir sans dommage durable une tempête tous les dix ans ? L’État, même moderne, est dépourvu de moyens devant les rigueurs inhabituelles du climat. Toute sa compétence est contenue dans l’acheminement des secours, dans le soulagement rapide des sinistrés, dans des dispositions exceptionnelles pour que les habitants soient indemnisés. Contre le malheur lui-même, il ne peut rien.
L’ÉTAT PEUT BEAUCOUP CONTRE LES CONSÉQUENCES DU DÉSASTRE, RIEN CONTRE LE DÉSASTRE LUI-MÊME
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