À Lille, l’ouverture de la salle de consommation à moindre risque repoussée sur fond de polémique

Publié le 27/10/2021
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Crédit photo : PHANIE

Après l’avis favorable du ministère de la Santé, la salle de consommation à moindre risque (dispositif récemment renommé « haltes soin addiction ») de Lille était prête à accueillir ses premiers patients consommateurs de drogue dès le début du mois d’octobre. La structure devait ouvrir sur un terrain mis à disposition par le CHU avec une équipe spécialisée déjà constituée.

Mais dans une lettre adressée à la maire de Lille, Martine Aubry, le 25 octobre, le Premier ministre, Jean Castex, invite la municipalité à installer cette salle sur la friche Saint-Sauveur, où est prévue la construction de logements, de commerces et d’une piscine olympique. Mais le terrain n’est pour le moment pas constructible, d'après une décision du tribunal administratif rendue mi-octobre.

Une « décision politicienne »

« C'est un immense gâchis », une « décision politicienne », a déploré Martine Aubry lors d'une conférence de presse, mettant en cause le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, publiquement opposé à l'ouverture de cette salle, et soupçonné par la maire de « courir derrière la droite et l’extrême droite ».

Dans un communiqué, l’opposition met en cause le lieu initialement choisi par la municipalité, au cœur d'un « haut secteur du trafic de drogues sur lequel l'État mène un important travail de démantèlement des réseaux et de lutte contre la demande de produits ». « Il aurait été complètement incohérent d’ouvrir une salle de shoot dans un quartier où l’action de l’État contre la drogue est particulièrement forte », ajoute une source policière auprès de l’AFP.

Un outil pour réduire les risques infectieux chez les usagers

« Ces salles ne créent pas la consommation, elle existe déjà ! En revanche, c’est un outil qui permet de réduire les risques infectieux chez les usagers de drogues et assure aussi plus de tranquillité pour les habitants, évitant la consommation dans l’espace public, les parkings, les cages d’escalier avec des seringues souillées laissées sur place », témoigne, dans un communiqué de la ville de Lille, Frédéric Brzozowski, directeur du pôle addictologie à la Sauvegarde du Nord, association chargée de la gestion du site.

Pour la maire de Lille, le lieu choisi répond « à toutes les exigences du cahier des charges du ministère de la Santé », soit juste à côté du centre d’addictologie, avec très peu de riverains à proximité, sur un site proche des lieux habituels de consommation de drogue et avec une zone blanche (c’est-à-dire où la détention d’une petite dose de drogue ne peut pas être sanctionnée) très réduite, détaille le communiqué.

« L’implantation de cette salle de consommation à moindre risque respecte à la fois la salubrité publique mais aussi la sécurité publique », insiste Martine Aubry, citant notamment l'absence de files d’attente de toxicomanes sur le trottoir, les bâtiments ayant été construits derrière un mur, avec la présence permanente d’un agent de sécurité.

E. B. avec AFP.

Source : lequotidiendumedecin.fr