Avec près de 980 000 doses administrées depuis le coup d’envoi de la plus grande campagne de vaccination gratuite et non obligatoire de toute son histoire, l’Italie est championne de l’Union européenne dans la course à la prophylaxie contre le coronavirus. De nos voisins, seul le Royaume-Uni, qui a lancé son programme d’immunisation le 8 décembre dernier dans le contexte du Brexit, totalise près de 2,6 millions de Britanniques vaccinés.
Mais la poursuite de la campagne risque d’être compromise comme l’a récemment constaté le Dr Giuseppe Ippolito, directeur scientifique de l'hôpital Spallanzani de Rome : « Nous sommes confrontés à un goulot d'étranglement pour mener à bien la vaccination de masse et nous allons commencer à manquer de doses. »
Un autre phénomène agite les Italiens. Le système « zéro gaspillage », autorisé par l’EMA, n’est pas encore été entériné dans la péninsule, où le copinage fait rage. Selon les autorités sanitaires qui supervisent les opérations dans tout le pays, près de 100 000 Italiens non prioritaires ont été vaccinés en catimini par un ami soignant impliqué dans la campagne et prêt à racler les fonds de dose. « Chaque flacon contient 0,2 cc de trop, avec les restes de trois doses, on récupère un vaccin de plus pour les copains, c’est fabuleux ! », a expliqué un médecin sur un groupe Facebook.
Système D à l'italienne
Grâce à la complaisance d’un soignant, les épouses de dix médecins retraités ont ainsi été vaccinées à Bari (Pouilles). Dans le Nord, des petits patrons, des cuisiniers du circuit hospitalier et même des réceptionnistes, ont réussi à se faire injecter la première dose du précieux liquide protégé au grand froid. En Sicile, l’affaire des dernières doses a viré au vaudeville. Dans la commune de Modica, Don Umberto, un prêtre âgé de 81 ans, a reçu sa première dose il y a deux semaines. La chose ne se serait jamais sue si ce curé de campagne avait été un peu plus discret. Car le jour de l’Épiphanie, Don Umberto a conclu son homélie en disant à ses paroissiens qu’ils pouvaient se faire vacciner très rapidement comme lui. Le lendemain, 150 Siciliens frappaient à la porte du centre de vaccination en réclamant les dernières doses !
Pour endiguer ce phénomène qualifié de scandaleux par les autorités sanitaires et la classe politique, des mesures ont déjà été adoptées pour sanctionner les fautifs. À Modène (Émilie-Romagne) par exemple, deux médecins hospitaliers et un volontaire de l’assistance publique impliqués dans la campagne de vaccination locale ont été temporairement relevés de leur fonction.
Ils sont accusés d’avoir utilisé des fonds de doses pour vacciner leurs épouses et leurs enfants le 5 janvier dernier. « Nous avons essayé de contacter les soignants inscrits sur la liste des personnes prioritaires mais ils ne répondaient pas au téléphone, jeter les doses aurait été dommage ! », ont déclaré les deux praticiens. Certaines régions, notamment dans le Sud, demandent maintenant aux soignants inscrits sur les listes des sujets prioritaires, d’exhiber leur bulletin de paie avant de tendre le bras.
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