Le Commissaire européen en charge des vaccins Thierry Breton a assuré ce 21 mars que l’Europe tiendra ses objectifs de vaccination et qu’elle n’aura pas besoin du vaccin russe anti-Covid à la fin du printemps. Alors que l’Europe semble se désintéresser, le discours à Rome est différent. « Il faut chercher la coordination européenne avec pragmatisme. Si ce n’est pas possible, il faut chercher d’autres solutions », a déclaré le président du Conseil Mario Draghi le 19 mars. L’avertissement est clair : sans décision collective de la part des 27, des accords bilatéraux avec Moscou pourraient être signés pour la livraison de doses de Spoutnik V.
Contrairement à la chancelière allemande Angela Merkel qui a déclaré plus diplomatiquement vendredi dernier que Berlin attendra le feu vert de l’Agence européenne du médicament (EMA) pour commander la prophylaxie développée par le laboratoire moscovite Gamaleya, l’ex-patron de la Banque centrale européenne rue dans les brancards. Coincé dans le double étau de la pénurie de doses et la méfiance grandissante de la population envers le vaccin AstraZeneca après sa suspension temporaire, Mario Draghi pousse l’EMA à accélérer les procédures d’autorisation du Spoutnik V. Une équipe d’experts de l’Agence est attendue en Russie le 10 avril prochain pour inspecter les sites de production.
Un accord de confidentialité envisagé
En attendant le résultat de cette enquête, Rome annonce que le vaccin russe sera testé par l’Institut Spallanzani, l’équivalent de l’Institut Pasteur. Le coup d’envoi à cette opération sera donné le 23 mars prochain dans le cadre d’une table ronde par vidéo à laquelle participeront des diplomates russes et les Pr Francesco Vaia, directeur de l’Institut Spallanzani, et Massimo Galli, virologue de l’Hôpital Sacco (Milan). D’ici à la fin du mois, un accord de confidentialité sera signé entre les développeurs de Gamaleya et l’équipe du Spallanzani. Les Russes glisseront dans leurs valises les données recueillies durant les différentes phases des essais cliniques, des doses et des échantillons de sérums de patients vaccinés qu’ils confieront aux Italiens.
Tester le Spoutnik V en stratégie de vaccination mixte
L’objectif de cette recherche est double : tester le vaccin russe contre les variants britannique, sud-africain et brésilien et évaluer l’efficacité d’une stratégie de vaccination mixte. « Il ne s’agit pas seulement de vacciner d’autres volontaires mais de sélectionner également 90 patients ayant reçu la première dose du candidat vaccin italien ReiThera et de leur inoculer le rappel avec un autre vaccin, soit à ARN messager (Pfizer et Moderna) ou à base de vecteur viral, Astrazena ou Spoutnik », a expliqué le Pr Vaia. Les données de cette recherche, dont « l’objectif n’est pas de se substituer à l’autorité de régulation », seront publiées.
En attendant l’arrivée des scientifiques russes, l’Italie peaufine les accords commerciaux signés pour la production sur place du Spoutnik V. La société italo-suisse Adienne Pharma & Biotech se dit prête à produire 10 millions de doses d’ici janvier 2022 dans ses établissements situés en Lombardie et dans le centre du pays. En cas de feu vert de l’EMA, ces doses seront distribuées en Italie. Selon l’agence Reuters, un autre accord pourrait être bientôt signé avec la firme italienne ReiThera détenue à 30 % par l’État italien et qui développe le vaccin GRaD-CoV2 à 100 % tricolore en collaboration avec l’Institut Spallanzani, actuellement en phase 2/3 chez 900 sujets en Italie et en Allemagne.
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