L'Onusida alerte sur l'évolution de l'épidémie de VIH

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Publié le 28/07/2022
Onusida inquiète Phanie

Crédit photo : Phanie

« EN DANGER » ! On pourrait difficilement imaginer un titre plus explicite pour le dernier rapport de l'Onusida, rendu public à la veille de la conférence internationale « Aids 2022 ». Au cours des deux dernières années, « les crises qui se sont multipliées et chevauchées ont eu un impact dévastateur sur les personnes vivant avec le VIH, et ont porté un rude coup à la réponse globale à la pandémie », alerte en préambule Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'Onusida. Selon les données présentées dans le rapport, les progrès se sont faits plus rares, les budgets ont rétréci et les inégalités se sont creusées.

1,5 million de nouveaux malades

En 2021, 1,5 million de nouvelles infections par le VIH sont rapportées par l'Onusida, soit un million de plus que ce qui était prévu dans les objectifs d'éradication du VIH à l'horizon 2030. En 2021, le nombre de nouvelles infections a ainsi diminué de seulement 3,6 %, la plus faible amélioration observée depuis 2016. Mais l'épidémie n'a pas fait que ralentir sa chute, elle est même repartie à la hausse dans 38 pays* et dans plusieurs régions : Europe de l'Est, Asie centrale, Afrique du Nord et Amérique latine. En Asie et dans le Pacifique, l'épidémie est même revenue à son niveau d'activité de 2012.

Quelques exemples encourageants cependant : le Lesotho, l'Italie, le Viet-nam et le Zimbabwe ont diminué de plus de 45 % le nombre de nouvelles infections entre 2015 et 2015 et sont donc en ligne avec les objectifs d'éradication fixés par l'OMS. L'Afrique subsaharienne reste la seule région ou les progrès restent sensibles.

« Toutes les 2 minutes, une adolescente ou une jeune femme est infectée par le VIH en 2021 [...] et une personne décède chaque minute », illustre Winnie Byanyima. En 2021, 650 000 malades du sida sont décédés. Dans tous les pays, les populations clés sont les plus éprouvées - hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, trans, travailleurs et travailleuses du sexe, consommateurs de drogues injectables — et concentrent 70 % des nouvelles infections.

Le nombre de patients sous traitement a augmenté plus lentement en 2021 que n'importe quelle autre année au cours de la décennie écoulée. Environ 10 millions de malades n'ont toujours pas accès aux thérapies antirétrovirales, de même que près de la moitié des enfants vivant avec le VIH. En 2021, les mineurs représentaient 4 % des malades et... 15 % des décès. Une disproportion qui ne fait que croître.

Dans un monde en crise, les financements marquent le pas

Si les États-Unis ont maintenu leur effort via leurs contributions au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le PEPFAR (President's Emergency Plan for AIDS Relief), ce n'est pas le cas du reste du monde. L'aide au développement provenant de donneurs bilatéraux autres que les États-Unis et leur contribution à la lutte contre l'épidémie ont fondu de 57 % en 10 ans.

Cette diminution des fonds n'est pas compensée par les sources de financement domestiques, elles aussi lourdement affectées par les 2 années de crises économiques, climatiques et sanitaires. Et la situation ne va pas s'améliorer : selon une récente estimation de la banque mondiale, 52 pays vont connaître, d'ici 2026 un sévère fléchissement de leurs finances publiques, compte tenu de leur dette publique qui atteint maintenant collectivement 171 % de leurs PIB combinés. Or, ces pays abritent 43 % des patients actuels vivant avec le VIH. Ces problèmes de financement interviennent de plus au moment où 180 millions de personnes ont basculé dans l'insécurité alimentaire ces deux dernières années.

Pour tenter de renverser la vapeur, l'Onusida demande aux pays de faire un effort supplémentaire, en finançant notamment des programmes de prévention comme des programmes de PrEP utilisant les nouveaux traitements injectables à longue durée d'action. L'agence suggère aussi de promouvoir l'égalité des genres et des droits humains, ce qui pourrait avoir des retombées positives sur un large spectre d'aspects de la santé sexuelle et reproductive.

* En 2021, l'Onusida dispose de données robustes démontrant une augmentation du nombre de nouvelles contaminations dans les pays suivant : Afghanistan, Algérie, Belize, Brésil, Cap Vert, Chili, Congo, Costa Rica, Cuba, République dominicaine, Équateur, Guinée, Fidji, Géorgie, Grèce, Guatemala, Guyana, Honduras, Irlande, Jamaïque, Kazakhstan, Madagascar, Malaisie, Mauritanie, Oman, Papouasie Nouvelle Guinée, Paraguay, Pérou, Philippines, Sénégal, Serbie, Soudan du Sud, Suriname, Tadjikistan, Timor-Leste, Tunisie, Uruguay et Yémen.


Source : lequotidiendumedecin.fr