Ils sont arméniens, congolais, albanais, kosovars, guinéens, géorgiens, bosniaques, rwandais, voire russes... Venus des quatre coins de France, ils (ou elles), ont essuyé un rejet de leur première demande de statut de demandeur d’asile auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).
Informés du rôle de la consultation lyonnaise par leur centre d’accueil ou un avocat, ils espèrent augmenter leurs chances dans la procédure de recours devant la CNDA grâce à un certificat médico-légal corroborant leur histoire personnelle, leur « récit », celui de l’exil, et le plus souvent de la fuite en urgence, pour sauver leur peau, par tous les moyens. Car il y a évidemment d’un côté le témoignage et le récit de chacun, qui doit être le plus circonstancié, précis et cohérent possible, pour retracer leur « vie d’avant » et les raisons de leur refuge en France. Et de l’autre, le certificat médico-légal (2) : il revient aux médecins de déceler sur le corps des patients demandeurs d’asile les traces des exactions, brutalités, violences, coups, viols, ou tortures subis après une arrestation, un séjour en prison, dans un commissariat, une caserne...
Ce précieux certificat, obtenu au terme de consultations d’une durée moyenne d’au moins une heure trente, ils auront été cette année plus de 400 à l’obtenir (le bilan officiel de l’association établi pour la période du 1° janvier à fin juin est de 396). Et les chiffres des dernières années prouvent que les chances des demandeurs d’obtenir le précieux statut sont nettement augmentées grâce à lui. Il faut toutefois avoir présent à l’esprit, précise le Dr Blaise de Pury, l’un des intervenants de Droit et éthique de la santé, que beaucoup de ceux qui sont « recalés » ne retourneront jamais dans leur pays d’origine. « Trop dangereux, trop risqué ». Ils « viennent sans doute grossir les rangs des clandestins… », glisse-t-il.
Un droit à préserver à tout prix
Résumant la conviction profonde de ses confrères et de ceux qui ont créé l’association en 1988, le Dr Joseph Biot, un des « piliers » de la consultation, rappelle que le droit d’asile constitue un droit fondamental qu’il faut à tout prix préserver. D’autant que seulement « 10 % des demandes d’asile sont accordées par l’OFPRA en première intention, un chiffre modeste quand on sait qu’il est du double, voire trois fois supérieur dans d’autres pays européens ». Le Dr Biot persiste aussi à s’étonner avec ses collègues que la consultation lyonnaise continue aujourd’hui à drainer des patients venus de toute la France car aucune autre ville n’a jusqu’à présent ouvert une consultation similaire. L’équipe de Droit et éthique de la santé qui avoue, aujourd’hui, avoir « besoin de forces neuves » pour conforter et pérenniser sa mission, cherche des médecins retraités de la région prêts à la rejoindre...
(1) Contacts Secrétariat martine.lanthier@chu-lyon.fr ou Dr Joseph Biot tel 06.71.55.45.67 ou mail : biot6@orange.fr
(2) Pour en savoir plus sur les aspects médico-légaux dans la demande d’asile en France, on peut se reporter à la thèse pour le grade de docteur en médecine du Dr Claire Jouanneteau sur « Le rôle du certificat médical dans la demande d’asile » (décembre 2009, Université Claude-Bernard Lyon I), fruit d’un travail de recherche et de réflexion de plusieurs mois mené en lien avec les médecins bénévoles de Droit et éthique de la santé.
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