Résidences pour personnes âgées à Roubaix

Maltraitance institutionnelle, faute de personnel

Publié le 30/11/2011
Article réservé aux abonnés

DE NOTRE CORRESPONDANTE

MANIFESTATIONS, entrevues avec les députés, pétitions... Les familles de résidents des établissements pour personnes âgées gérés par l’hôpital de Roubaix multiplient les actions depuis quelques mois. Indignées par le traitement réservé à leurs parents, qu’elles jugent proche de la « maltraitance institutionnelle », elles se sont constituées en association pour faire entendre leur voix et alerter les élus.

Au cœur de leurs préoccupations : un personnel insuffisant pour assurer « un accompagnement humain digne ». Les trois résidences roubaisiennes regroupant 384 lits au total souffrent d’un manque chronique d’effectifs depuis la suppression en 2010 du pool de remplaçants qui évoluait sur les trois sites. Cette équipe de dix personnes permettait de pallier les absences de courte durée.

« Dans le cadre du plan de restructuration décidé par la direction, ces postes ont été supprimés et les soignants travaillent désormais en flux tendu, déplore Jacques Adamski, délégué CGT. Les absents ne sont plus remplacés. Si l’on ajoute à cela les départs en retraite non compensés, on arrive à une situation ingérable. Récemment, une infirmière s’est retrouvée seule pour s’occuper de trois services de 30 lits ! »

Aggravation rapide.

Un manque d’effectifs qui rejaillit sur les soins apportés aux patients. « Les toilettes ne sont pas toujours faites. Sans le renfort de stagiaires, les aides-soignantes n’ont pas le temps de laver les cheveux des résidents. Plus grave, on note des carences dans la stimulation physique et intellectuelle, dénonce Françoise Gobled, présidente de l’AFAR ( Association des familles d’aînés résidents). Un seul kiné se partage les trois établissements. Ceux qui ne savent pas bien marcher sont mis d’emblée en fauteuil roulant et parqués devant la télévision… Les cas s’aggravent rapidement. Faute de personnel, l’accompagnement humain a disparu au profit d’un gardiennage médicalisé. Finir comme cela nous fait peur ! »

Et d’évoquer des cas de chutes à répétition, des patients que l’on n’a pas le temps de sortir de leur lit, le matin... Et, plus grave, des malades qui meurent tout seuls dans leur chambre.

« Les patients qui ne savent pas sonner pour appeler et qui n’ont pas de famille à leur côté sont livrés à eux-mêmes », se désole F. Gobled. Devant la gravité de la situation, l’AFAR a décidé de mettre en place un « téléphone rouge » à la disposition des familles, afin d’informer l’association de tout manquement à la charte des résidents. Le cas échéant, elle se réserve le droit de saisir la justice si nécessaire.

Dans l’immédiat, elle multiplie les démarches auprès des élus, dans l’espoir d’obtenir davantage de moyens humains dans les résidences roubaisiennes. Mais les perspectives ne sont guère encourageantes, la direction envisageant de nouvelles coupes claires dans les effectifs. « La réorganisation des trois résidences (avec une nouvelle répartition des lits de soins de longue durée et hébergement pour personnes dépendantes, NDLR) doit se traduire par une réduction de 15 postes sur un effectif global actuel d’environ 300 agents, explique-t-elle. Depuis l’été, de nouvelles démarches ont été entreprises auprès de l’ARS pour solliciter des moyens complémentaires. Celles-ci n’ont pas reçu d’écho favorable. »

Les résidents devront donc se contenter de la portion congrue. « On nous parle d’humanitude, le nouveau concept à la mode. En pratique, le résident est juste considéré comme une source de déficit ! », s’insurge la présidente de l’AFAR, qui a sollicité une entrevue auprès du responsable de la dépendance, au Conseil général du Nord. Entrevue de la dernière chance.

FLORENCE QUILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9050