Manif unitaire le 14 mai ?

Publié le 10/05/2009
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LA MOBILISATION du 28 avril (entre 8 000 et 20 000 manifestants à Paris, 75 % de médecins grévistes à l’AP-HP) sera-t-elle renouvelée le 14 mai ? Les organisateurs du mouvement veulent y croire. Ils pensent même faire mieux, car cette fois, l’appel déborde largement l’hôpital public. Salariés des caisses, des DDASS, des DRASS, médecins et salariés des hôpitaux privés non lucratifs, médecins libéraux... : tous sont attendus dans la rue jeudi. Le cortège parisien partira de la gare Montparnasse à 11h30. Des manifestations sont programmées ailleurs, notamment à Clermont-Ferrand, Lyon, Besançon...

À Paris, un nouveau collectif, « santé en colère », se met en place. Il regroupe des internes, des chefs de clinique, des praticiens hospitaliers (CPH, INPH), et des médecins libéraux (CSMF-IDF, Alliance, SML). Comme l’ensemble des syndicats nationaux qui appellent à la mobilisation jeudi, ce collectif réclame la levée de la procédure d’urgence, et la suspension de la loi HPST jusqu’à la tenue d’états généraux de la santé. Pour le gouvernement, une preuve supplémentaire que le mouvement contestataire est fait de bric et de broc. Pour le collectif, ce rapprochement des libéraux et des hospitaliers, « une première depuis vingt ans », est justifié. « La plupart des médecins libéraux sont solidaires de nos revendications à l’hôpital public, beaucoup y travaillent. Après, s’ils veulent défendre leurs honoraires, ce n’est pas notre propos », commente, avec une pointe d’embarras, le Pr Bernard Granger, porte-parole du mouvement de défense de l’hôpital public.

Les directeurs et les cadres hospitaliers aussi ?

Autre première : les directeurs d’hôpitaux publics sont invités à descendre dans la rue jeudi, à l’appel du syndicat de cadres hospitaliers affilié à FO. « La majorité des cadres et des directeurs hospitaliers sont en désaccord avec la loi HPST, assure Christian Gatard, président du CH-FO. Ils sont dans la majorité silencieuse car s’ils s’expriment, ils auront de grands soucis à se faire pour leur carrière ».

Une quinzaine de syndicalistes, médecins et non médecins, ont présenté à la presse l’objectif de ce 14 mai. Autour de la table, pas un seul médecin libéral. Cette intersyndicale qui se fait jour est néanmoins « historique », pour Denis Basset (FO santé). « Ce ne sera ni une grève des mandarins, ni une grève politique, mais un mouvement contre une réforme technocratique imposée avec brutalité », précise le Dr Philippe Aillères (SYMHOSPRIV). « Cette loi, qui fait l’objet de nombreuses critiques, a d’ores et déjà échoué, elle ne pourra s’appliquer dans les hôpitaux. Il faut que le gouvernement renonce à l’appliquer aux forceps », affirme le Dr Bruno Devergie (CPH). « Notre avis, en 2008, tout le monde s’en fichait, enchaîne un autre syndicaliste (SUD). Peut-être que le rapport de force va nous permettre, cette fois, de remettre la loi à plat. Il faut se rasseoir autour d’une table, et rediscuter de la réforme que l’on veut pour notre système de santé ».

La manifestation parisienne finira au pied du ministère de la Santé. Avec l’espoir, cette fois, de rencontrer Roselyne Bachelot. « Le 28 avril, la ministre a parlé d’une querelle de mandarins. Si nous étions des mandarins, elle nous aurait reçus, ironise le Pr André Grimaldi (MDHP). Nous redemandons rendez-vous avec elle le 14 mai. Nous ferons une ronde autour du ministère de la Santé jusqu’à ce qu’elle veuille bien nous ouvrir sa porte ».

DELPHINE CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr