LE QUOTIDIEN - Vous proposez de desserrer le numerus clausus : pour quelles raisons et jusqu’à quelle hauteur ?
MARINE LE PEN : Le numerus clausus a créé en 30 ans une pénurie majeure de professionnels de santé. Pour revenir à l’équilibre tout en donnant la priorité d’accès aux professions médicales aux jeunes Français, il faudra probablement lever totalement le numerus clausus pendant une période minimale de sept ans, les seules limites étant une moyenne de notation assurant l’excellence des études et la croissance des possibilités d’accueil des universités et des lieux de stage. Il n’est pas pensable d’envisager un chiffre d’environ 4 000 médecins temps plein supplémentaires dans 10 ans, face au nombre croissant de départs à la retraite et avec 200 000 nouveaux Français par an.
La France a-t-elle les moyens matériels et humains (amphithéâtres, enseignants, lieux de stages...) de former autant de médecins ?
C’est par une croissance portée par notre programme socio-économique que la France se donnera les moyens de former tous les jeunes médecins français nécessaires. La politique malthusienne en matière de santé est non seulement inepte mais surtout très dangereuse pour nos concitoyens.
Vous prévoyez de fermer quasi totalement la filière des médecins à diplômes étrangers qui sont actuellement entre 20 000 et 30 000 : est-ce réaliste ?
La fermeture progressive de la quasi-totalité de la filière systématique des médecins à diplôme étranger, de qualité parfois improbable, s’induira de soi-même. Cela n’empêchera pas la France dans la mesure de ses moyens de continuer à former des médecins d’origine étrangère qui souhaitent retourner dans leur pays. Si, comme par le passé, un petit nombre d’entre eux souhaitait rester sur notre sol, ils seraient les bienvenus et devraient en faire expressément la demande.
Quel sort réservez-vous aux quelque 4 000 médecins à diplôme étranger en attente d’autorisation ?
Ces médecins devront, avant la fin de l’année 2012, réussir une équivalence de haut niveau pour avoir le droit de continuer d’exercer sur notre sol. Cette exigence remplie, ils pourront bien évidemment continuer d’exercer dans leur cadre contractuel.
Souhaitez-vous remettre en cause la loi HPST ?
Nous souhaitons effectivement remettre en cause en profondeur la loi Bachelot. Elle porte en elle trois éléments péjoratifs. D’abord, la régionalisation de la santé qui, en cas de crise, comme cela se voit très clairement en Catalogne, aboutit à un rationnement des soins. Il y a ensuite la disparition de la médecine libérale à la française sous le poids de la contrainte hospitalo-centrée. Enfin nous déplorons la privatisation de notre système de santé fondé sur la solidarité nationale, par la mainmise de capitaux apatrides type fonds de pension aujourd’hui au capital des cliniques privées, demain sur les maisons de santé et sur les hôpitaux publics dans le cadre du partenariat public-privé dévoyé.
Pour réduire les déserts médicaux, faut-il contraindre de jeunes médecins à s’installer dans les zones sous dotées ?
Ce n’est pas par la contrainte que seront réglés les éléments de la problématique des déserts médicaux : ceux-ci seront supprimés par une grande politique de réindustrialisation des campagnes mais aussi des périphéries des villes, une réinstallation des fonctionnaires de l’État et territoriaux et par l’application de la tolérance zéro dans les zones urbaines difficiles. La contrainte ou les incitations à l’installation ont prouvé leur inefficacité.
Comment envisagez-vous lutter contre les dépassements d’honoraires ?
Il s’agit là d’un problème sérieux pour nos concitoyens. C’est en fait la résultante d’une non-revalorisation régulière légitime des honoraires des professionnels de santé. Curieusement le secteur II a été créé pour les médecins en 1980 alors que les honoraires étaient régulièrement revalorisés. Ce n’est d’ailleurs que 10 ans plus tard que l’on a vu des médecins restés en secteur I pratiquer des dépassements. Il conviendra donc de revaloriser la totalité des actes médicaux à leur juste valeur tout en réduisant drastiquement la multiplicité des actes cotés à la nomenclature. L’amortissement des plateaux techniques lourds devra faire l’objet d’une étude spécifique.
Vous vous présentez comme « le meilleur défenseur la Sécurité Sociale » : lutter contre les fraudes peut-il suffire à ramener l’équilibre budgétaire ?
Cette lutte est au plan de la justice sociale une absolue nécessité : elle concerne non seulement les professionnels de santé (à hauteur de deux à trois milliards par an), mais aussi la fraude aux fausses déclarations de plafonds de ressources de la part des usagers et pour une part bien supérieure (près de 20 milliards par an) la fraude aux emplois non déclarés. Il conviendra bien sûr d’y ajouter une meilleure gestion de la Sécurité Sociale qui ne recouvre pas les 10 milliards d’euros par an de créances auprès des pays étrangers dans le cadre des conventions internationales. Elle perd en outre près de 10 milliards d’euros de niches sociales injustes et abonde pour 2 à 3 milliards d’euros des régimes particuliers dispendieux….
Nous prévoyons enfin de soumettre la totalité du budget de la Sécu sur ses 3 branches au contrôle du Parlement et de faire appliquer à la lettre la totalité des recommandations de la Cour des Comptes.
Vous déclarez que les inégalités sociales sont en augmentation en France et pourtant vous envisagez de supprimer l’AME et la CMU : n’est-ce pas paradoxal ?
Si nous sommes tout à fait opposés à l’AME qui cautionne les personnes en totale illégalité sur notre sol, nous ne souhaitons absolument pas supprimer la CMU : elle sera maintenue autant que nécessaire dans l’attente de la reprise d’une croissance qui permette à chaque Français d’avoir des revenus décents.
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