Moins 25 % d'antibiotiques en ville : l'objectif ambitieux du ministère d'ici à 2025

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Publié le 08/02/2022

Crédit photo : S.Toubon

Dans sa nouvelle stratégie nationale de prévention des infections et de l’antibiorésistance pour la période 2022-2025, présentée le 7 février, le ministère de la Santé annonce des axes d’intervention, dans la continuité de la feuille de route de 2016 et du programme de prévention des infections associées aux soins (IAS) de 2015.

Trois ambitions, déclinées en 42 actions, sont affichées : prévenir les infections courantes (vaccination, hygiène), réduire le risque d’IAS et préserver l’efficacité des antibiotiques. « C’est en prévenant les infections et en réduisant la transmission des agents infectieux et gènes de résistance que nous diminuerons l’incidence des infections communautaires et associées aux soins, mais aussi le risque d’antibiorésistance », justifie le ministre, Olivier Véran, invitant à « poursuivre et intensifier nos efforts », engagés depuis « plus de vingt ans en France ».

Dans le pays, on comptait en 2015 environ 125 000 cas d’infections à bactéries multirésistantes et 5 500 décès. En 2019, la France en 2019 était le quatrième plus gros consommateur d’antibiotiques d’Europe, avec une consommation « près de 3 fois supérieure aux pays qui sont les plus faibles consommateurs d’antibiotiques », souligne un communiqué du ministère.

Constatant en Europe une résistance accrue à certains antimicrobiens (les céphalosporines et les carbapénèmes, principalement), malgré une amélioration globale sur le continent, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) recommandait fin janvier la mise en place d’une série de mesures, censées avoir « le potentiel d'éviter environ 27 000 décès chaque année » : programme de gestion responsable des antibiotiques, meilleure hygiène, campagnes médiatiques et utilisation de tests de diagnostic rapide.

Les professionnels de santé en première ligne

Alors que la consommation d'antibiotiques a fortement chuté en 2020 sur fond de pandémie (baisse de 17 % par rapport aux résultats attendus, selon Santé publique France), plusieurs objectifs sont fixés aux professionnels de santé pour maintenir le cap, à commencer par une réduction, à l’horizon 2025, de 25 % de la consommation d’antibiotiques en ville par rapport à 2019.

Le ministre cite notamment la dispensation des médicaments à l’unité, en cours de concrétisation, pour participer à cette baisse. La formation des professionnels est également évoquée, ainsi que la promotion d’outils de bon usage des antibiotiques (antibiogrammes ciblés et les tests rapides d’orientation diagnostique de l’angine, etc.) et la mise à disposition « de nouveaux outils utilisables dans leur pratique quotidienne », comme le site AntibioClic.

Côté prévention, un des objectifs est d’atteindre une couverture vaccinale contre la grippe supérieure à 80 % pour les professionnels de santé en ville et supérieure à 70 % pour les professionnels en établissements de santé.

La stratégie s’adresse également au grand public, « patient ou citoyen », souligne Olivier Véran. À cet égard, il s’agira de renforcer l’éducation à la santé « dès le plus jeune âge », mais également d’« augmenter le niveau de connaissance global sur l’importance de maintenir ces gestes du quotidien, ainsi que sur les conséquences et déterminants de l’antibiorésistance ». Plusieurs outils sont proposés, tels que le site Antibio’Malin ou l'outil pédagogique e-Bug. L’information des patients ou résidents sur l’hygiène des mains devra par ailleurs être renforcée pour atteindre plus de 80 % déclarant l’avoir reçue.


Source : lequotidiendumedecin.fr