› Le quotidien des lecteurs

Nouvelle réponse au Dr Seban

Publié le 13/05/2013
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Levallois-Perret (92)

Dr JEAN-ALAIN CACAULT*

Dans « le Quotidien des lecteurs » du 7 janvier, le Dr Gilles Seban s’est livré à une critique virulente du Conseil de l’Ordre des Médecins. Voici ma réponse…

Non, l’Ordre des médecins n’est pas une institution coûteuse, néfaste et vaine.

Non, le Conseil de l’Ordre qui nous régit n’a pas été créé par le Maréchal Pétain mais institué par le Général de Gaulle par une ordonnance du 24 septembre 1945.

Que l’Ordre s’appuie sur ce code de déontologie pour conseiller les médecins dans leur pratique est indiscutable, que ce code reflète le bon sens de ses concepteurs ne me semble pas en soi condamnable, quant à dire qu’il « est pétri de lieux communs et poussiéreux de ridicule », il est vrai que la morale semble toujours ridicule à ceux qui préféreraient ne pas la respecter. Le code civil s’adresse à tous les citoyens, le code de déontologie se contente de concerner les seuls médecins. Pour ma part, je considère que la profession de médecin est toujours respectable et respectée en la personne des praticiens qui le méritent.

Non, les médecins n’ont pas besoin d’un code pour « demeurer des notables », la notion de notable a évolué, elle est maintenant déterminée par le degré de compétence et non autoproclamée. Je crois aussi être un médecin responsable et pense que l’Ordre n’est pas une institution coûteuse, néfaste et vaine. Elle n’est pas coûteuse parce qu’elle n’existe que grâce aux cotisations de ces praticiens. Cette particularité est au contraire un gage d’indépendance par rapport au pouvoir politique, à la différence des autres structures administratives à la solde de l’État. Elle n’est pas néfaste précisément parce que cette institution est libre puisqu’elle ne doit rien à l’État dont elle assure cependant une part de son rôle dans le domaine public.

Le Dr Seban considère le système de santé étatique comme kafkaïen et cupide. Je ne suis pas loin de penser comme lui mais, comme le Dr Seban a relevé pendant un temps de l’Ordre des médecins des Hauts-de-Seine, dans lequel je suis moi-même impliqué, il doit savoir que nous faisons de notre mieux pour défendre ses intérêts.

Enfin, cette institution n’est pas vaine car il faut bien qu’il y ait un organisme officiel qui se porte garant de la qualité des soignants. Si donc les médecins se désintéressent de cette tâche, elle serait accomplie par des administratifs ignorant tout de notre métier. C’est alors que le Dr Seban aurait des motifs pour maudire cette structure dont il dépendrait et qui lui serait étrangère.

Ne fait pas du journalisme qui veut ! Avant de fustiger, il faut d’abord s’informer.

* Secrétaire général de l’Ordre des Médecins des Hauts-de-Seine

Mariage pour tous : réponses à Richard Liscia

Lyon (69)

Dr OLIVIER BRUN

L’éditorial de Richard LISCIA du 18/04/2013 me suggère qu’il n’aurait pas saisi toute la portée du projet de loi du mariage légal entre deux personnes de même sexe. Pourquoi ?

Parce que mariage = filiation... au nom de légalité des valeurs portées par le mariage.

Deux femmes feront appel au don de sperme anonyme.

Au nom de l’égalité, deux hommes feront légitimement appel à une mère porteuse car l’adoption est insuffisante. Qui portera si ce n’est pas celles qui ont besoin d’argent ?

Des sociétés commerciales vont se faire un plaisir... financier de gérer ces demandes légitimes.

Et voilà pourquoi ce projet est horrible derrière une apparente avancée sociétale.

Derrière cette générosité de façade, se cache la toute puissance de l’Homme qui voudrait être un dieu. La nature est têtue. Il n’est qu’un homme.

Le Mans (72)

Dr CHRISTOPHE CATIMEL

Je réponds à l’article du 18 avril de Richard Liscia sur le « mariage pour tous ».

Tout d’abord la photo qui accompagne son article n’est pas représentative des manifestations contre le projet de loi et donc assez tendancieuse ; un peu plus d’objectivité conviendrait à un journal médical. Les opposants ne sont pas tous des « catho tradi » comme le suggère la photo.

Il réfute l’idée d’un référendum au prétexte qu’on ne peut se « servir à tout bout de champ de la consultation populaire ».

Mais depuis combien d’années n’y a-t-il pas eu de référendum ? Il y en a eu 4 en 25 ans dont le dernier il y a 8 ans. Cela ne me paraît pas excessif !

Plus loin il affirme qu’il y a « une autre majorité populaire apparue dans les sondages ». Si les partisans du mariage pour les couples homosexuels restent faiblement majoritaires (pour combien de temps encore ?), les partisans du droit à l’adoption pour les couples homosexuels sont devenus minoritaires. Il y a donc un réel problème car chacun sait que si le mariage homosexuel est autorisé, l’adoption ne pourra leur être refusée. Un référendum donnerait la parole au peuple sur un sujet fondamental de société qui transcende les clivages politiques et sociologiques. Que ce projet figure sur le programme d’un candidat à la présidentielle ne lui donne pas force de loi après l’élection de ce candidat. Beaucoup d’autres points de la profession de foi de Monsieur Hollande seront oubliés (et parfois bien heureusement !)

Votre éditorialiste affirme ensuite que cette loi du mariage homosexuel « correspondrait en outre à un progrès contre tous les conservatismes » et que « nous ne pouvons pas nous résigner à écarter une liberté ». Cette argumentation relève un peu du terrorisme intellectuel. Ceux qui ne sont pas de l’avis de Monsieur Richard Liscia seraient-ils des ennemis de la liberté ? des ennemis du progrès ?

Dans son article, à aucun moment Monsieur Liscia ne parle de l’Enfant, de son droit à avoir un papa et une maman, droit qui me paraît bien supérieur au « droit » du mariage homosexuel et de ses conséquences qui finalement ne concerne qu’une très petite minorité. Et ce n’est pas parce que malheureusement, par accident de la vie ou par choix égoïste de certains adultes (adoption, PMA, procréation naturelle d’un couple de lesbiennes), il y a des enfants sans altérité parentale qu’il faudrait institutionnaliser le mariage homosexuel dans ses conséquences sur l’enfant.

Contrairement à ce que prétend Monsieur Liscia, je pense « visionnaire » de s’opposer au mariage homosexuel et surtout à ses conséquences pour les enfants, ceux des couples homosexuels et des couples hétérosexuels, enfants qui seront les citoyens de demain et l’esprit de notre civilisation.

Télétransmission = interrogation

Saint-Lô (50)

Dr A. PERRE-MICHEL

J’ai des interrogations sur le sérieux de l’article et de l’étude traitant des motifs de non-télétransmission !

Il y a une grande cause totalement laissée sous silence dans votre article et qui représente, pour moi qui télé-transmet, le principal motif de non-télétransmission, c’est les patients qui n’ont pas de carte car la CPAM met un temps fou à gérer les dossiers de demande de carte vitale : perte des dossiers, lenteur administrative, fabrication qui semble bien longue. Quand on sait le temps que met une banque pour délivrer une carte bleue, on peut s’interroger ! Pour obtenir une carte vitale, il faut au minimum 3 mois et cela peut aller jusqu’à plus d’un an. Alors de qui se moque-t-on ? La CPAM devrait arrêter de vouloir s’immiscer dans les soins de nos patients, comme pour le fameux SOPHIA, et améliorer son efficacité pour l’administratif. À chacun son boulot.

Du caractère médical d’un acte

Fontenay-le-comte (85)

Dr JACQUES LEGROUX

La décision récente du Conseil d’État, de confirmer la condamnation d¹un médecin, pour complicité d’exercice illégale de la médecine, pour avoir confié à ses assistants(e)s des actes d’épilation avec appareil laser, paraît relever d’une certaine incohérence. Peut-être le médecin incriminé, avait-il exploité à fond une tolérance acquise depuis plusieurs années mais à des fins strictement commerciales ? Ancien vice-président du Syndicat des dermatolo-vénéréoloques, je m’étais opposé sur ce point à la « ligne dure » considérant que l’acte d’épilation ne pouvait qu’être strictement médical, sans délégation, ce qui me semblait contraire à l’évolution des pratiques. De fait, il paraît étonnant de voir condamner un médecin pour complicité d’exercice illégal, quand partout foisonnent des centres esthétiques où se pratiquent tous azimuts l’épilation Laser et son succédané l’épilation par lampe IPL (lampe flash). La plupart des actions menées à juste titre par le syndicat contre cette pratique épilatoire par des non-médecins sans encadrement, sans diplôme médical, sans assurance, se sont révélées des échecs ou des demi-échecs. Si jurisprudence il y a, celle-ci n’est pas appliquée dans les faits. Les centres esthétiques tenus par des esthéticiennes, continuent à épiler. Plus grave est l’utilisation par ces centres, des mêmes appareils (lumière pulsée) pour traiter les « taches pigmentées ». Il est aberrant que les pouvoirs publics continuent de laisser faire, avec le risque extrême de voir traiter des mélanomes de Dubreuilh, dont l’aspect est souvent identique à celui des « taches » de vieillesse. Comme dans les scandales sanitaires précédents, le défaut de perspective et l’incapacité à céder aux pressions des lobbyings industriels et commerciaux fait le lit des difficultés à venir. Il en est de même pour l’utilisation des radiations UV dans les centres de bronzage.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9241