CES QUELQUES RAISONS expliquent que, dans la plupart des pays étrangers, si les populations étaient rivées à leur écran de télévision, les gouvernements, en général, se sont abstenus de tout commentaire prématuré. Sauf le Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui a déclaré qu’il n’entendait pas faire la course pour être le premier à voir Obama. Peut-être s’adressait-il, indirectement, à Nicolas Sarkozy, qui souhaite justement être le premier mais qui, après avoir envoyé des émissaires pour contacté l’entourage du nouveau président, sont rentrés bredouilles. Tout chef d’État ne dispose que de vingt-quatre heures par jour et celui de la superpuissance devrait en avoir soixante-douze. De sorte que Barack Obama s’est bien gardé de prendre le moindre engagement vis-à-vis de quelque autre pays que ce soit.
Ni classe, ni émotion.
S’il avait voulu éviter d’être traité par l’indifférence, M. Sarkozy aurait dû faire cette analyse ; et le Premier ministre, de son côté, aurait pu éviter d’annoncer à l’Assemblée, la liste des doléances que la France adresse aux États-Unis. Non seulement M. Obama n’entend pas, pour le moment ce qui se dit à Paris, mais il est inutile de rappeler, dans un unique et très bref moment de consensus mondial, les griefs éventuels que la France adresse à l’Amérique. C’est maladroit.
Mardi, jour de l’investiture de M. Obama, on a entendu M. Sarkozy dire nerveusement qu’il espérait « changer le monde avec lui » tout en s’éloignant du micro qui lui était tendu, façon encore de s’associer, mais non sans scepticisme, à un changement historique. Bref, on n’a pas retrouvé en France, chez nos dirigeants, la classe et l’émotion de ces deux millions de personnes qui s’étaient réunies sur le « mall » de Washington. Et pas davantage dans l’opposition. Ségolène Royal, par exemple, à défaut d’être invitée à la cérémonie d’« inauguration », s’est rendue dans la capitale des États-Unis, s’est mêlée à la foule des anonymes, a obtenu un ticket pour une tribune éloignée, est s’est arrangée pour le faire savoir aux médias français, heureux de l’insérer dans leurs reportages. En gros, elle nous a expliqué, avec son aplomb habituel, qu’elle a fait Obama, car une des équipes de l’ancien candidat est venue à Paris pour examiner le réseau Désirs d’avenir qu’elle avait mis en place pour sa propre campagne. Il est vrai qu’Internet a joué un rôle décisif dans la victoire d’Obama, il est vrai que nous sommes habitués aux énormités que prononce parfois une Ségolène toujours en quête de popularité, mais là, elle aurait mlieux fait de se taire. De même que Pierre Moscovici, député socialiste habituellement mieux inspiré, qui estime que l’arrivée d’Obama au pouvoir va mettre Nicolas Sarkozy à sa place. Analyse de bas étage, prononcée seulement sous l’empire d’une forte antipathie. De même, Jean-Christophe Cambadélis, spécialiste des relations extérieures au PS, croit bon d’affimer que l’accession d’Obama au pouvoir dérangerait un Sarkozy qui aurait des affinités avec les néo-conservateurs américains et était l’un des rares chefs d’État à ne pas critiquer Bush.
Nous croyons, pour notre part, que ces égratignures délibérées sont très mal inspirées. M. Sarkozy a eu le courage, quand le monde décriait M. Bush, de faire comprendre aux Français que l’antiaméricanisme est mauvais pour la France. Il a donc bien fait de se rapprocher de l’ex-président des États-Unis pour préparer une relation avec l’Amérique qui ne soit pas tendue et qui cesse de faire de notre pays un épouvantail pour les Américains. Quant à tous ceux qui croient (ou feignent de croire) que M. Obama est un homme de gauche, ils n’ont rien compris à ce qui s’est passé ces derniers mois outre-Atlantique. Barack Obama est un centriste qui gouvernera au centre ; c’est un homme qui a un sens aigu de la liberté et ne rognera jamais celle d’entreprendre ; ce serait, en quelque sorte un Bayrou noir doué de charisme et dont les idées sont plus claires. Mais Obama est en outre un homme de mouvement et de changement. Si dans son diagnostic de la société américaine et dans le programme qu’il s’apprête à appliquer il y a des éléments qui s’apparentent à des choix français, ces choix ressemblent à ceux de Sarkozy et non à ceux de la gauche qu’incarne aujourd’hui Martine Aubry.
Rupture et ouverture.
Barack Obama, en effet, a pratiqué l’ouverture, en constituant une équipe où sont présents des républicains ; et il va pratiquer la rupture : multilatéralisme, réforme du système de santé, politique de l’environnement et intervention massive du gouvernement fédéral pour créer des emplois. Toutes choses que George Bush eût considéré comme indignes. Quoi qu’il en soit, cessons de croire que M. Obama pourrait prendre la France pour modèle. Ou qu’il serait un socialiste déguisé. Cessons de croire qu’il va avoir plus d’indulgence pour les terroristes de tout poil. Cessons de croire qu’il va imposer sa solution à Israël. Cessons de croire qu’il va décamper de l’Afghanistan ou que, par une sorte de néo-réalisme, il s’identifierait à un recul de l’Amérique. L’erreur de Bush a été de réaffirmer la puissance par des moyens militaires. Le projet d’Obama sera de la réaffirmer par d’autres moyens. Mais de la réaffirmer quand même.
OBAMA RÉAFFIRMERA LA PUISSANCE DE L’AMÉRIQUE
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