La ministre de la Santé Agnès Buzyn a signé ce mercredi 12 juillet un arrêté à effet immédiat inscrivant tous les médicaments contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l’éthylmorphine ou de la noscapine sur la liste des médicaments disponibles sur ordonnance.
Cette décision des autorités de santé, ministère de la Santé, la Direction générale de la santé et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), fait suite à « l’identification de nombreux cas d’abus et d’usages détournés de ces médicaments, disponibles sans ordonnances », souligne le ministère.
Le 29 juin dernier, la Commission des stupéfiants et psychotropes de l’ANSM, composée de médecins généralistes, de médecins addictologues, de toxicologues et de pharmaciens spécialistes des addictions, avait rendu un avis favorable à la prescription médicale obligatoire (PMO) pour toutes ces spécialités pharmaceutiques.
Mettre fin à la pratique du « Purple Drank »
Désormais, les patients ne pourront obtenir un médicament à base de codéine ou d’un de ces principes actifs qu'avec une prescription médicale. La vente de ces médicaments sur les sites Internet des pharmacies n’est plus possible.
La ministre des Solidarités et de la Santé espère ainsi mettre fin à la mode du « Purple Drank », cocktail à base de codéine, d’antihistaminique et de soda, une pratique en augmentation chez les adolescents et les jeunes adultes depuis 2015. « Celle-ci a provoqué deux décès tragiques chez des adolescents depuis le début de l’année », indique le ministère. Chez les moins de 25 ans : 30 cas graves liés au « purple drank » et 23 cas graves liés au dextrométhorphane avaient, par ailleurs, été recensés ces deux dernières années.
Dans une note de synthèse récente d'observations réalisées sur 8 sites à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Paris, Rennes et Toulouse, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) confirmait la hausse des usages détournés de médicaments codéinés par les jeunes. La codéine retrouvée dans des spécialités pharmaceutiques antitussives sous forme de sirop, comprimés ou gélules et dans des spécialités antalgiques (comprimés) était alors accessible sans ordonnance.
La recette de fabrication du cocktail, popularisée dans les années 1990 aux États-Unis, a connu une nouvelle diffusion par le biais d’Internet. L'OFDT notait également que le terme « Purple drank » avait été quelque peu délaissé par les jeunes au profit de noms comme Lean, Codé, Codé Sprite ou Cocktail bleu.
Risque surdose majoré par l'alcool
« Les usages détournés de médicaments par les jeunes ne donnent pas nécessairement lieu à des dommages graves mais les exposent à une série de troubles sanitaires plus ou moins sévères », souligne l'OFDT. À court terme, des effets secondaires repérés sont une altération de la qualité du sommeil, des problèmes de transit, des démangeaisons (si les codéinés sont consommés sans antihistaminique).
Des troubles plus importants ont été observés à l’occasion d’hospitalisations : troubles de la vigilance (somnolence) ou du comportement (agitation, confusion, ébriété…), crises convulsives généralisées. Le risque de surdose (dépression respiratoire) est majoré par le mélange des molécules et la consommation d’alcool.
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