• Les rejets radioactifs
Les rejets de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima « sont d’ores et déjà importants, ces rejets continuent. Il faut donc s’attendre à ce que le Japon ait à gérer durablement les conséquences de rejets importants sur son territoire, c’est un problème que le Japon aura à traiter pendant des dizaines et des dizaines d’années », souligne André-Claude Lacoste, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN). Ces rejets sont liés d’une part aux « décompressions volontaires » – des émissions de vapeurs contenant des particules radioactives – destinées à faire baisser la pression dans les réacteurs accidentés pour éviter que l’enceinte qui les entoure ne soit endommagée. Et d’autre part à « des fuites » dont l’origine est encore imprécise, selon l’ASN. Étant donné l’ampleur de ces rejets, « les dépôts de particules radioactives au sol seront importants » autour de la centrale, prévient Jean-Luc Godet, directeur à la direction des rayonnements ionisants et de la santé (ASN).
• Les aliments
Les épinards et le lait exposés brièvement à des radiations au Japon peuvent être consommés, a assuré lundi un porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Asie et le Pacifique. « Il faut souligner qu’une exposition de courte durée aux niveaux de radiations relevés sur les épinards contaminés ne pose pas de risque pour la santé à court terme », a indiqué Peter Cordingley. « Même chose pour le lait, cela ne pose pas de risque pour la santé ». Selon lui, la découverte d’épinards contaminés jusqu’à 120 km de la centrale endommagée de Fukushima était « inattendue ». Mais il a assuré que les autorités japonaises avaient réagi de façon appropriée et transparente. Le gouvernement japonais a « ordonné » à quatre préfectures du nord-est, celles d’Ibaraki, Tochigi, Gunma et Fukushima, de suspendre la distribution des deux sortes de légumes, et à celle de Fukushima les ventes de lait. La distribution d’épinards est stoppée dans la préfecture d’Ibaraki, située au sud de la centrale de Fukushima. Des traces d’iode radioactif et de césium ont également été trouvées dans l’eau du robinet de Tokyo et ses environs dans des proportions inférieures aux limites légales. En France, on peut évidemment boire de l’eau, rappelle le Pr Patrick Gourmelon. Aucune restriction d’aliments n’est à l’ordre du jour.
• Le panache
Pour le Pr Gourmelon, on ne peut pas parler, à proprement parlé, de panache, en France, puisque celui-ci se dilue dans les courants atmosphériques de l’hémisphère nord. « Nous allons avoir des mouvements d’air qui vont être très légèrement contaminés. » L’IRSN n’a pas de données de mesure directe sur la composition et l’ampleur des rejets radioactifs mais dispose d’informations techniques sur les installations accidentées. Grâce aux prévisions fournies par Météo France, l’institut a réalisé des simulations sur ces déplacements des masses d’air qui devraient arriver en France aujourd’hui ou demain. « Nous les attendons de pied ferme : nous avons des appareils de mesure extrêmement sophistiqués qui nous permettent de les détecter. Si nous ne pouvons pas les détecter, c’est qu’il n’y aura même pas eu de pollution radioactive. » L’Agence de l’environnement des États-Unis estime également que les concentrations de polluants radioactifs dans l’air seront d’un niveau trop faible pour être détectés. Le réseau d’alerte Téleray de l’IRSN est composé de 170 balises d’alerte (consultables sur le site). Les résultats d’analyses seront publiés dès qu’ils seront disponibles, soit dans quelques jours.
•La comparaison avec Tchernobyl
Dans tous les cas, la radioactivité resterait à « des niveaux extrêmement bas (...) 1 000 à 10 000 fois moins que les retombées de Tchernobyl » en 1986, insiste André-Claude Lacoste, de l’ASN. Le Pr Gourmelon indique que ce lundi, un dixième des rejets massifs de Tchernobyl ont été émis dans l’atmosphère. « Mais nous sommes dans une configuration différente : les rejets et les doses dépendent fortement des conditions météo, de la géographie, des comportements. Il n’y a donc pas d’impact sanitaire correspondant. Les Russes n’avaient pris aucune contre-mesure, les Japonais ont évacué les populations, ils ont pris des contre-mesures de confinement. La gestion de l’accident n’est pas la même », estime-t-il.
• L’impact sanitaire
L’impact sanitaire dépend des concentrations. « Mais on sait déjà par simulation que, dans l’état actuel des connaissances médicales et scientifiques, on n’a aucune conséquence à prévoir sur la santé de la population française, y compris pour les nouveau-nés, les prématurés et les enfants à naître », précise Patrick Gourmelon. « Cette hypothèse n’est scientifiquement pas crédible. » Même dans le scénario le plus pessimiste pouvant toucher la centrale de Fukushima, « il n’y aura pas de retombée significative en France, pour deux raisons : la distance (entre le Japon et les territoires français) et la circulation des vents », indique de son côté l’ASN. Pour les habitants de Tokyo, l’impact radiologique existe mais il n’entraîne pas forcément un impact sanitaire : il faudra l’évaluer, poursuit-il. « Au jour où je vous parle, ce sont toutefois des doses très faibles, voire extrêmement faibles. Pour un médecin, c’est le risque en mSv qui compte ». « Pour les habitants des Antilles et de St Pierre et Miquelon, nous sommes également dans une situation des masses, très proches de celle de la France. Le pic de pollution sera peut-être un peu plus important qu’en France, mais en terme d’impact sanitaire ça ne changera pas grand-chose. Si on avait un pic qui faisait 10 000 fois celui de la France, on réviserait notre copie. Mais nous n’avons pas d’élément pour dire qu’on serait dans cette situation. En tant que scientifique, j’attends les données mais en tant que médecin, je m’attends au même impact ».
• Les précautions à prendre
Aucune en France à l’heure actuelle. « Il ne faut surtout pas se jeter dans les pharmacies pour aller chercher de l’iode stable. C’est un médicament qui a des effets indésirables et que l’on ne prend que devant un vrai risque de cancer. Se confiner (en particulier les enfants) est complètement inutile. Nous sommes dans des doses extrêmement faibles. C’est une contre-mesure inutile. De plus, cette pollution de l’air est un continuum. Sans nouveaux rejets, la pollution radioactive va diminuer au fur et à mesure », assure le Pr Gourmelon.
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