Éducation thérapeutique du patient en rhumatologie

Passer de l’hôpital à la ville

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Publié le 14/11/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

L’éducation thérapeutique présente de nombreux avantages pour les patients comme pour les soignants, mais une personne qui a du mal à se déplacer n’a pas envie de se rendre 5 ou 6 fois dans un hôpital, parfois loin de chez elle, pour participer aux séances, résume le Dr Didier Poivret, rhumatologue à Metz et co-organisateur, avec le Dr Christelle Sordet, des journées annuelles ETP Rhumatologie Grand Est qui associent expériences pratiques et réflexions théoriques.

Lui-même s’apprête, en compagnie d’une pharmacienne, d’une infirmière et d’une diététicienne, à organiser des rencontres décentralisées à travers la Moselle, consacrées dans un premier temps au rhumatisme inflammatoire. L’expérience, innovante, répond à une demande des praticiens libéraux de la région, qui ne sont pas toujours à même d’organiser de tels ateliers. Les pharmaciens d’officine, dont beaucoup ont suivi une formation à l’ETP, sont souvent désireux de la mettre en pratique, mais souhaitent une participation active des médecins qui, eux, n’y sont pas encore tous formés. Lors d’une table ronde organisée à l’issue de la rencontre, plusieurs généralistes ont estimé que l’arthrose, la fibromyalgie et l’ostéoporose constituaient des thèmes prioritaires pour développer l’ETP « libérale ». Les médecins et les pharmaciens désireux de coopérer autour de l’ETP souhaiteraient d’ailleurs prendre eux-mêmes l’initiative de telles actions, plutôt que d’attendre une décision de l’ARS dans ce domaine.

Des réseaux de soins

En Alsace, plusieurs réseaux de soins réunissent des professionnels libéraux autour de problématiques communes, comme les maladies cardiovasculaires, le diabète ou l’obésité. Leurs membres pourraient intégrer l’ETP dans leurs activités, notamment dans le cadre de l’e-santé. Le Dr Patrick Nicol suggère la projection de séance d’ETP sur un écran dans la salle d’attente, suivi d’un débriefing concret avec le médecin lors de la consultation. Mais au-delà du contenu des ETP, leurs promoteurs doivent apprendre à faire passer efficacement leur message auprès des patients : comme ils le font depuis leur création, ces entretiens régionaux ont donné la parole à des éducateurs et des pédagogues. Parmi les préalables nécessaires à une bonne communication, soulignait ainsi le Pr Loïc Chalmel, (Université de Haute Alsace), il faut s’assurer que le patient est sorti du déni et accepte son nouvel état, car s’il reste persuadé qu’il « redeviendra comme avant », toute tentative de l’associer à l’ETP sera vaine et sans effet. Enfin, si l’ETP porte d’abord sur l’observance et le respect des traitements, elle implique aussi des changements de mode de vie et de comportement, avec parmi eux, une activité physique adaptée au patient. Il importe donc, là aussi, d’amener le patient à adhérer réellement à l’activité qui lui convient, plutôt que de l’imposer. 

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9534