LE PREMIER, dès 2002, le Dr Barthold Bierens de Haan, responsable du programme stress management au CICR (Comité international de la Croix-Rouge) estimait à un sur quatre la proportion des délégués de son organisation atteints de « stress cumulatif », autre appellation pour ESPT, et il lançait un programme de prise en charge psychologique pour prévenir, diagnostiquer et traiter ce large public. Trois ans plus tard, le guide « Humanitarian companion » (éditions Ehrenreich) confirmait la forte prévalence de cette pathologie parmi les humanitaires en mission, devant le paludisme. À Médecins sans frontières, ce sont les retours de mission anticipés plus nombreux, en général des missions de moyenne et longue durée, qui ont mis la puce à l’oreille de l’ONG, avec des tableaux cliniques différents de ceux du burn out, le syndrome d’épuisement professionnel progressif, qui n’est pas lié, lui, à une exposition à un événement violent et imprévisible.
Defusing pour déchoquer.
« Pour prévenir les ESPT, qui peuvent survenir plusieurs mois après un braquage, un kidnapping, ou toute action violente dont un expatrié peut être témoin, sans être forcément pris pour cible directe, nous avons mis au point un programme de prévention auprès des recruteurs et des coordinateurs terrain, explique le psychologue Nicolas Veilleux, référent gestion du stress à MSF depuis 2011. Ils sont aussi formés à des gestes de secourisme et à la technique de petits entretiens de defusing. Dans les heures qui suivent le traumatisme, ils déchoquent et désamorcent. »
Mais c’est au retour, avec le décalage entre la situation extrême de la mission et « la vie normale » qu’interviennent les débriefings à proprement parler, d’abord sur le plan technique, puis sur le ressenti personnel de la mission. « Devant les blessures psychiques invisibles, il faut être humble, souligne Nicolas Veilleux, face à la grande diversité des cas. Certains accumulent au fil des missions des souffrances psychiques sans paraître affectés et c’est après un traumatisme secondaire, quand ils fonctionnent moins sous adrénaline, qu’ils vont brutalement décompenser. »
Les militaires ont mis en place des « sas » de quelques jours avant le retour au pays, MSF essaye aussi d’appliquer cette procédure. Mais il n’y a pas encore de stratégie globale et définitive pour finir une mission.
Entre ONG, les échanges sont réguliers pour partager les pratiques et les évaluer en commun. « Pour tous les humanitaires, constate Nicolas Veilleux, la culture du super-héros blindé mentalement et psychiquement devant la mort est aujourd’hui révolue. » Le tabou est cassé. Les héros blessés ont enfin le droit d’être pris en charge.
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