Une part importante des séroconversions observées chez les patients utilisant la prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour se prémunir des infections à VIH sont liées à une souche résistante au fumarate de ténofovir disoproxil (TDF), le médicament antirétroviral oral utilisé dans le cadre de cette stratégie.
Lors du congrès de la société internationale sur le sida (IAS) qui s'achève ce mercredi 21 juillet, le Dr Urvi Parikh de l'université de Pittsburgh a présenté les résultats issus du projet d'évaluation global d'évaluation de la sensibilité des microbiocides (Global Evaluation of Microbicide Sensitivity ou GEMS), consistant à étudier, via un génotypage, les souches ayant infecté les patients sous PrEP.
Sur 204 personnes pour qui une séroconversion a été reportée dans l'étude, 86 % ont fourni un échantillon sanguin, dont 41 % provenaient d'Afrique du Sud, 33 % du Kenya, 16 % du Zimbabwe et 10 % du Swaziland. Dans plus d'un quart des cas, l'infection est survenue dans les 60 jours qui ont suivi l'initiation de la PrEP. Des niveaux détectables de ténofovir étaient présents dans 73 % des échantillons, et 78 % des participants affirmaient avoir été observants. Ces deux derniers résultats contrent l'idée que les infections seraient majoritairement liées à une mauvaise observance des participants.
Au moins une mutation impliquée dans la résistance au TDF était détectée dans 45 % des échantillons. Cette haute fréquence de résistance au traitement est largement supérieure au taux de résistance observé dans la population générale séropositive, qui se situe autour de 5 %. Les auteurs estiment que la recherche systématique de mutation chez les patients infectés alors qu'ils sont sous PrEP est essentielle pour bien adapter le traitement.
De nouveaux médicaments pour la PrEP
Pour contourner le risque d'échappement, de nouveaux médicaments sont expérimentés pour être utilisés dans le cadre de programmes de PrEP. Au cours de la même session de l'IAS, Sharon Hillier de l'institut de recherche Magee-Womens de Pittsburgh a présenté les premières données d'une étude de phase 2a, portant sur l'islatravir (ISL), un inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse, en prise orale unique mensuelle.
L'étude est encore en cours, mais des résultats intermédiaires sont disponibles sur les 24 premières semaines de suivi. Les 242 participants (dont 67 % de femmes) recrutés ont été répartis en trois groupes recevant respectivement une dose mensuelle de 60 mg d'ISL, une dose de 120 mg ou un placebo.
Quinze participants ont dû arrêter leur participation, dont deux à cause des effets indésirables du traitement. Des effets secondaires ont été reportés chez 60 % des participants bien qu'ils ne soient liés au traitement que dans 15 % des cas. Les chercheurs ne disposent pas encore de données d'efficacité mais précisent que les concentrations en islatravir-triphosphate étaient au-dessus de 0,05 pmol (concentration minimum pour espérer une efficacité) à tout moment du suivi. Une étude de phase 3 est en cours de recrutement.
L'islatravir avait donné de bons résultats en mai dernier dans le traitement des infections à VIH-1. Son utilisation dans la PrEP s'inscrit dans une dynamique en faveur de l'utilisation de médicaments à longue durée d'action dans cette indication. Ainsi, dans l'essai HPTN 084 (novembre 2020), le cabotégravir injectable divisait par neuf le risque d'infection de femmes africaines recrutées dans un programme de PrEP.
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