Près d’un décès sur 5 serait lié à la pollution par les combustibles fossiles

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Publié le 09/02/2021

Crédit photo : AFP

La pollution extérieure par les combustibles fossiles engendrerait plus de 8 millions de décès prématurés dans le monde par an, selon une analyse sur 2018, soit 18 % des morts cette année-là. Cette estimation publiée dans « Environmental Research » représente le double des évaluations antérieures, dont celle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) jugeant la pollution de l'air responsable de 7 millions de morts par an, dont 4,2 millions liés à la pollution extérieure.

Si la Chine et l’Inde concentrent la moitié de ces morts prématurées, tous les pays sont touchés. En France, 97 242 personnes de plus de 14 ans seraient ainsi décédées prématurément à cause de la pollution de l’air due aux combustibles fossiles, soit le double des 48 000 décès estimés par Santé publique France pour l’année 2016. Dans l’Hexagone, les émissions liées aux énergies fossiles seraient responsables de 17,3 % des plus de 500 000 morts de personnes de plus de 14 ans en 2018, avec une surmortalité concentrée dans l’agglomération parisienne.

Une cartographie plus fine des émissions

Ces résultats ont été obtenus grâce à une cartographie fine des émissions reposant sur un modèle 3D de chimie atmosphérique. Les recherches antérieures s’appuyaient sur des observations par satellite et en surface pour estimer les concentrations annuelles mondiales moyennes de particules en suspension dans l'air (PM2,5). Mais, cette méthode ne permet pas de faire la « différence entre les particules provenant des émissions de combustibles fossiles et celles de la poussière, de la fumée des feux de forêt ou d’autres sources », explique dans un communiqué l'université de Harvard, qui a été mené la recherche, en collaboration avec les universités de Birmingham, Leicester et Londres.

L'outil 3D de chimie atmosphérique utilisé, qui a fait ses preuves pour estimer les effets sur la santé des particules, permet ainsi de segmenter la planète en petites parcelles (50 km x 60 km) et d’examiner les niveaux de pollution pour chacune d’elles. « Plutôt que de nous fier à des moyennes réparties sur de grandes régions, nous voulions cartographier où se trouve la pollution et où vivent les gens, afin de savoir plus exactement ce que les gens respirent », explique Karn Vohra, de l'université de Birmingham et premier auteur de l’étude.

Un nouveau modèle d'évaluation des risques

Les chercheurs ont ainsi pu modéliser les émissions de plusieurs secteurs, notamment l'énergie, l'industrie, les navires, les aéronefs et le transport terrestre, en croisant les données avec les simulations de circulation de l’air de la Nasa. À partir de cette cartographie, ils se sont attachés à quantifier les impacts sur la santé des expositions estimées. Ce nouveau modèle d'évaluation des risques a révélé un taux de mortalité plus élevé pour une exposition à long terme aux émissions de combustibles fossiles, y compris à des concentrations plus faibles.

Les chercheurs ont établi que l'exposition aux émissions des combustibles fossiles représentait 21,5 % du total des décès en 2012, avant de chuter à 18 % en 2018 à la suite des mesures de contrôle de la qualité de l'air instaurées en Chine. « Les changements de qualité de l'air en Chine de 2012 à 2018 ont plus d’impact, car la population et la pollution de l'air y sont toutes deux importantes », souligne Eloise Marais, géographe à l’University College de Londres et coauteure de l’article.

Le Bangladesh, l'Indonésie, le Japon et les États-Unis se partagent un autre million de morts prématurées liées à la pollution des énergies fossiles. Pour le Pr Joel Schwartz, de l'École de santé publique Chan à l'université de Harvard et coauteur, « on parle souvent du danger de la combustion des énergies fossiles dans le contexte des émissions de CO2 et du changement climatique. On néglige les impacts sanitaires potentiels ».


Source : lequotidiendumedecin.fr