Mutilations sexuelles féminines

Prévenir, dépister, accompagner et traiter

Publié le 12/05/2011
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ON ESTIME que, dans le monde, plus de 130 millions de femmes sont excisées et chaque année, de 2 à 3 millions de fillettes et de jeunes femmes subissent une mutilation génitale. En France, de 45 000 à 60 000 fillettes et femmes sont mutilées ou menacées de l’être, principalement dans les régions à forte population (Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nord…). Des chiffres qui ont été rappelés à l’occasion de la journée mondiale pour l’élimination des mutilations sexuelles féminines qui s’est déroulée en février dernier. Comme l’a souligné l’association Gynécologie sans frontières (GSF), soutenue par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), le rôle des médecins et des sages-femmes dans le dépistage et la prise en charge des femmes et des fillettes meurtries est capital. Pourtant, si les choses changent lentement, « aujourd’hui, ces situations restent fort méconnues » déplore le Dr Richard Matis, vice-président de Gynécologie sans frontières qui a souligné l’importance de la formation dans ce domaine car, « en dehors des formes extrêmes, comme l’ablation des parties génitales, les excisions ne sont pas évidentes à diagnostiquer si on n’y pense pas ». Or, outre les conséquences médicales immédiates et, à court terme, parfois dramatiques (choc neurogénique, collapsus, hémorragies…), il existe aussi de nombreuses conséquences médicales à long terme (voir encadré), notamment détaillées dans le guide « Le praticien face aux mutilations sexuelles féminines », édité en 2010 par GSF et le ministère de la Santé et des Sports et disponible sur le site de l’association (http://www.gynsf.org). Sans compter des conséquences psychosexuelles parfois majeures et le fait que les complications médicales sont à l’origine de la mise à l’écart des femmes et de leur répudiation.

Un document qui, comme le précise, dans son introduction, le Pr Henri-Jean Philippe, président de GSF et coordonnateur de l’ouvrage, doit permettre de contribuer « à faciliter l’implication du plus grand nombre, médecins, sages-femmes, infirmières et autres professionnels de santé dans la lutte contre ces rites ancestraux qui " portent atteinte à la dignité de l’ensemble des femmes " ». Car si, depuis 2006, une dizaine de centres d’accueil et de prise en charge des femmes victimes de mutilations sexuelles se sont ouverts en France, sur l’impulsion du ministère de la Santé, si le remboursement d’opérations de chirurgie réparatrice a été obtenu, il reste des efforts de sensibilisation à faire, non seulement auprès des professionnels de santé, mais aussi du personnel des écoles et des travailleurs sociaux.

COLINE GARRE et Dr PATRICIA THELLIEZ

Source : Bilan spécialistes