Pour Agnès Firmin Le Bodo, « prendre soin de ceux qui nous soignent est un devoir car leur engagement est un bien commun ». Jeudi, la ministre chargée des Professions de santé a donné le top départ de la mission « Santé des soignants ». Une feuille de route qui vise à améliorer l’état de santé de tous les professionnels – médecins, infirmières, pharmaciens, kinés, sages-femmes ou encore aides-soignantes – confiée à trois « personnalités qualifiées » : la Dr Marine Crest-Guilluy, généraliste à Marseille, Alexis Bataille-Hembert, infirmier et le Dr Philippe Denormandie, chirurgien neuro-orthopédiste et délégué général de la fondation Nehs.
Face aux risques de « surmenage », « je mesure la force du déni lorsque les professionnels de santé perdent pied », a souligné Agnès Firmin Le Bodo. Avec ce chantier global, la ministre assure qu'elle ne souhaite « pas produire un énième rapport, mais bien documenter » les problématiques de santé des confrères, tout en proposant « des solutions durables ».
Grande consultation lancée ce vendredi
Le défi est de taille. « Un quart de ces professionnels se considèrent en mauvaise santé », selon Ségur. Si les femmes et les personnels de santé qui travaillent de nuit semblent les plus exposés, les facteurs de risques spécifiques aux blouses blanches – particulièrement en libéral – sont encore mal documentés dans la littérature scientifique.
Dès ce vendredi, le ministère lance une grande consultation nationale adressée à tous les professionnels de santé, hospitaliers comme libéraux des secteurs sanitaire et médico-social). Temps de travail, automédication, état de fatigue ou de stress, alimentation, difficulté de concentration ou consommation de drogue : le questionnaire articulé autour d'une quarantaine de questions – anonyme et disponible sur le site ministériel – sera accessible jusqu’au 23 avril. Les résultats de cette consultation seront dévoilés fin mai et serviront de base de travail à la mission. « Seule une diffusion massive pourra permettre la réussite de cette démarche », insiste Agnès Firmin Le Bodo.
Quatre projets de recherche
Au-delà de ce questionnaire, depuis novembre, le ministère de la Santé – accompagné de sa direction statistique (Drees) et de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) – a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour solliciter les labos de recherche sur ce sujet de la santé des soignants.
Quatre projets lauréats ont été retenus : Wocapreg (CHU de Toulouse/Inserm) sur la grossesse et la maternité chez les soignantes ; Capesa (Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Lyon/HCL) qui vise à identifier l’incidence des cancers et leur taux de mortalité chez les personnels de santé mais aussi de possibles retards de dépistage ; Trails (Irdes/EHESP) qui évalue les risques psychosociaux et addictifs des infirmières, en étudiant notamment l'impact du passage du salariat vers l’exercice libéral et inversement ; et enfin Soignances (Université d’Angers/Inserm), dont le but est d’évaluer l’impact de l'exposome, des risques biologiques et environnementaux sur la santé de soignants en exploitant la cohorte épidémiologique Constances où sont inscrits plus de 10 000 d’entre eux. Les résultats de ces études sont attendus d’ici à deux ans…
Adresse mail et initiatives locales
D'ici à la fin de l'année, la mission devra produire des recommandations « opérationnelles ». Ségur compte s'inspirer d’initiatives locales déjà en vigueur pour aider les soignants en souffrance, lancées par des fédérations hospitalières ou des associations. Premier pas de la mission : la création d’une adresse mail (contact@santedessoignants.fr) pour centraliser toutes ces bonnes idées. « Aujourd'hui, il ne doit plus être tabou de parler de la santé des soignants », avance Agnès Firmin Le Bodo qui revendique « une seule envie, c’est d’agir ».
En présence d'Anne Roumanoff, présente au ministère pour le lancement de ce chantier, la ministre a signé un partenariat avec l’association de l’humoriste baptisée « Solidarité avec les soignants ».
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