Souffrance au travail

Remaid fête ses 20 ans sur fond de crise

Publié le 11/10/2010
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À L’ORÉE de la semaine d’animation, qui s’est déroulée du 4 au 8 octobre, les représentants de la mairie de Valence, mais aussi le procureur du TGI, le vice-président du conseil général de la Drôme, le chef du cabinet du préfet, le bâtonnier ont unanimement salué le travail accompli par Remaid. Pourtant, les finances nécessaires à la poursuite de son action ne suivent pas. Créée en 1980 sous l’impulsion de Nicole Obrego, magistrate à Valence, l’association Remaid avait alors innové par la mise en place de conciliateurs de quartier, dont la vocation était de ramener la paix sociale, avant d’élargir son champ d’action à l’aide aux victimes, essentiellement d’infractions pénales, par l’écoute, le soutien et la médiation.

« Les partenaires, magistrats, policiers, municipalité, avocats, médecins, ont appris à nous connaître et nous faire confiance », a expliqué le président de l’association, Francis Portal. Membre de l’INAVEM, fédération nationale d’aide aux victimes et de médiation, qui lui assure aussi une certaine expertise, Remaid a accueilli 2 470 personnes, observant une montée en charge des demandes au fil des ans. Si 83 % d’entre elles sont des victimes d’infractions pénales, celles se disant victimes de violences ou souffrances au travail sont de plus en plus nombreuses. « En 2009, nous avons accueilli 246 personnes à ce titre », a affirmé Francis Portal. Si en 2001, « soutenir des personnes en situation dramatique de travail, aurait pu faire sourire, cela ne fait plus rire personne aujourd’hui ». L’association, qui compte désormais 9 salariés, a notamment embauché un juriste, qui, en lien avec les médecins du travail, à la charge de ces dossiers spécifiques.

Reconnaissance.

En 2005, Remaid a obtenu un financement européen pour mener à bien un projet de prévention en Drôme et Ardèche, en partenariat avec l’Agence Rhône-Alpes pour la valorisation de l’innovation sociale et l’amélioration des conditions de travail (ARAVIS).

Le contexte actuel d’une réforme des services de santé au travail réduisant, a priori, les marges d’actions de la médecine du travail, est une source d’inquiétude supplémentaire. Alors que l’association propose des médiations pour gérer les conflits, Fabrice Delabroy, juriste, fait observer que ce service ne saurait se substituer à d’autres interventions, portant par exemple sur le management, également cause de souffrance au travail.

Pour répondre aux demandes croissantes des victimes, le nerf de la guerre reste le financement. Avec un budget annuel de 500 000 euros, la directrice de Remaid, Ginette Duret, n’a pas caché avoir eu de grandes difficultés à boucler son budget 2010. L’association espère que toutes la reconnaissance verbale dont elle a été gratifiée, à l’occasion de ce 20e anniversaire, trouve enfin une traduction dans des financements pérennes.

DE NOTRE CORRESPONDANTE CAROLINE FAESCH

Source : Le Quotidien du Médecin: 8833